Entretien avec

Sylvain MAILLARD, Député de la 1ère circonscription de Paris

« Paris Centre demeure un lieu qui véhicule l’histoire et l’idée que des étrangers peuvent se faire de notre ville. Un endroit de lumière, où coexistent les monuments, mais aussi une vie de quartier »

Quels arrondissements sont compris dans votre circonscription ?

Ma circonscription comprend les 1er, 2e, 8e et 9e arrondissements de Paris. J’ai la chance d’y compter des monuments aussi emblématiques que l’Arc de Triomphe, la Place de la Concorde, ou le Louvre. Et également une grande variété de quartiers et d’habitants.

Quels sont vos liens avec Paris et plus spécifiquement Paris Centre ?

Banlieusard de naissance, Paris a toujours été pour moi un lieu de rêve et d’accomplissement. L’endroit où l’on vient saisir les opportunités, et qui sait accueillir tous ceux qui veulent y faire leur vie. Si je trouve que cela s’est malheureusement un peu perdu aujourd’hui, et qu’il faudrait y remédier, Paris Centre demeure un lieu qui véhicule l’histoire et l’idée que des étrangers peuvent se faire de notre ville. Un endroit de lumière, où coexistent les monuments, mais aussi une vie de quartier.

Quelles évolutions a selon vous apporté la création de Paris Centre, qui englobe les 1er, 2ème, 3ème et 4ème arrondissements ?

Je pense qu’il y a eu un certain mérite à cette fusion. Avec une meilleure coordination des services publics locaux et une prise en main des problématiques communes auxquelles sont confrontés chacun de ces quatre arrondissements, problématiques qui se seraient révélées plus complexes à adresser pour des arrondissements plus restreints, avec des moyens forcément plus limités.

Cependant le risque de la fusion de ces arrondissements reste la préservation du lien de proximité avec les habitants, et la conservation de l’identité qui régit chacun de ces quartiers.

Pour fréquenter les habitants, chacun a conscience de la spécificité de ses rues et de leur histoire. Dans une ville aussi ancienne que Paris, cette identité est précieuse et il faut savoir l’entretenir et aider les Parisiens à la faire vivre.

Que représente à vos yeux ce secteur spécifique de Paris ?

Un des noms qui flottaient pour cette fusion à l’époque était celui de cœur de Paris. C’est vrai que ce secteur incarne bien cela. D’un point de vue historique comme d’image. C’est le secteur qui compte l’île de la Cité, l’Hôtel de Ville, le Louvre. Une partie des quais de Seine également.

Il inclut également la gare du Forum des Halles, l’une des principales portes d’entrée dans Paris, qui voit passer des millions de voyageurs chaque année – il est donc bien souvent le premier quartier que les touristes ou personnes de passage peuvent voir de notre capitale. En cela, il est dépositaire d’une partie essentielle de l’âme de Paris.

Quelles sont ses spécificités ?

Je dirais la grande diversité des quartiers et des lieux de vie. Savoir que dans le même secteur, on peut à la fois se promener aux abords des Quais de Seine, flâner au Louvre, manger japonais rue Saint-Anne, boire un café dans le Marais ou profiter de la fraîcheur du parc du Palais Royal, c’est ce qui fait tout le charme de Paris et de Paris Centre notamment.

Mais cette diversité inclut également une multiplicité de problématiques. Si certains sujets sont communs à beaucoup d’arrondissements de Paris, notamment en termes de dépeuplement, le quartier des Halles par exemple, avec son lot de voyageurs, de passants, mais aussi ses problèmes de délinquance, nécessite des attentions particulières. De même pour les abords de la Place de la République, ou les problématiques de circulation dans le Marais.

Comment envisagez-vous son devenir ?

L’objectif principal auquel je tiens, pour Paris, mais cela m’apparaît particulièrement pertinent pour Paris Centre, c’est que notre ville ne devienne pas un musée.

Nous voulons un Paris Centre qui continue à vivre, avec des cafés et des commerces de quartier comme il en subsiste parfois tant bien que mal. Une activité économique qui ne soit pas monopolisée par le secteur du tourisme ou les grandes enseignes.

Des rues qui ne vivent pas seulement durant les journées de travail, mais aussi en soirée et le week-end. Des classes qui ne se ferment pas mais des familles qui aient les moyens de se réinstaller au cœur de Paris. Comment supporter que le cœur de notre ville devienne un lieu vide ?

Malheureusement cela en prend beaucoup trop le chemin et il faut que nous soyons capables d’enrayer le mouvement. Cela passe par des politiques plus volontaristes, en matière de contrôle des meublés touristiques, de politiques d’aides aux familles plus attractives, de soutiens à l’ouverture de nouveaux commerces, de renforcement drastique de la sécurité pour éviter que ne se crée des zones entières où les habitants craignent de se rendre.

Par un plan de circulation qui puisse se faire dans la concertation, au contraire de la façon dont la zone à trafic limité a pu être imposée, même si son principe peut être partagé.

Ce n’est que par un vrai changement de perspective et de politiques que nous réussirons à réenchanter Paris Centre.