La lutte contre le cancer est un défi majeur pour notre système de santé, un combat permanent à sans cesse renouveler pour un meilleur diagnostic et un meilleur accès thérapeutique. La récente adoption par le Sénat d’une proposition de loi visant à améliorer la prise en charge du cancer du sein en est une avancée significative.
Toutefois, en tant que député et médecin cardiologue, je suis convaincu que nous devons élargir cet effort à d’autres types de cancers, notamment le cancer colorectal, qui représente un enjeu de santé publique tout aussi important. Ce combat doit s’inscrire dans une politique ambitieuse de prévention visant à détecter au mieux et au moment opportun et n’est pas jusqu’ici pleinement développé.
L’Institut National du Cancer (INCa) prévoit environ 433 136 nouveaux cas de cancer en France en 2023, répartis en 245 610 chez les hommes et 187 526 chez les femmes. Les cancers demeurent de ce point de vue influencés par des facteurs behavioraux, l’âge, mais aussi le mode de vie.
Le cancer colorectal, la deuxième cause de décès par cancer (17 000 chaque année), est pris en charge à 90 % au-delà du stade curatif, en réussissant à promouvoir le nouveau test de dépistage immunologique dans la population âgée de 50 à 74 ans, nous pouvons réduire considérablement le nombre de décès. Par ailleurs, la participation à ce dépistage reste hélas encore trop faible comparée à d’autres pays européens : environ 34 % en sont réalisés, contre 36 % dans les années précédentes. Il est donc essentiel de renforcer la sensibilisation et les campagnes de prévention sur le dépistage organisé du cancer colorectal. Nous devons aussi mieux mobiliser les médecins généralistes et les professionnels de santé dans cette mission essentielle de santé publique.
En outre, l’idée de développer un dépistage personnalisé, qui prendrait en compte le risque biologique et environnemental de chaque individu, me semble être une stratégie d’avenir. La médecine préventive, beaucoup évoquée, mérite d’être intégrée en éventail plus large du diagnostic (tabac, obésité, activité physique, vie sociale, médicaments, etc.) permettant une meilleure identification des individus ayant le plus besoin de dépistage.
Cependant, cette approche nécessite de surmonter plusieurs défis, notamment la fiabilité des modèles prédictifs, l’accès à des données précises sur les antécédents familiaux et la gestion des impacts potentiels d’une stratification trop stricte sur la participation au dépistage.
Par ailleurs, l’évolution des recommandations sur l’âge de début du dépistage, en réponse à l’augmentation des cancers colorectaux chez les plus jeunes, ainsi que l’utilisation des résultats quantitatifs des tests immunologiques pour ajuster les intervalles de dépistage, apparaissent comme des pistes prometteuses à explorer.
L’intégration des technologies innovantes dans la lutte contre le cancer représente également un enjeu essentiel. Les techniques de séquençage génétique de nouvelle génération (NGS), par exemple, permettent aujourd’hui d’obtenir des profils génomiques précis et d’orienter les traitements de manière personnalisée.
Cependant, l’adoption de ces innovations se heurte souvent à des limites de financement, car les budgets actuels ne sont pas adaptés aux coûts croissants des technologies de pointe. Le Référentiel des Actes Innovants Hors Nomenclature (RIHN), fixé par décret et rigide, ne permet pas de financer suffisamment ces tests indispensables. Cette situation freine un frein au déploiement de ces technologies pourtant vitales pour l’efficacité des traitements et l’amélioration des taux de survie.
J’alerte donc sur l’urgence de revoir les mécanismes de financement pour intégrer ces innovations. Le développement et la mise à disposition des tests de séquençage génétique doivent passer du régime dérogatoire au droit commun, avec les abois. Nous devons créer des conditions favorables pour que la recherche et l’innovation soient pleinement exploitables en pratique clinique.
Une révision de l’enveloppe RIHN et une augmentation de ses financements sont essentielles pour assurer l’accès à des tests de diagnostic et de suivi plus performants, à des outils de radiothérapie résistants, traitements robustes, etc.
En parallèle, il est temps de tirer les leçons de la lutte efficace du cancer passe par des décisions politiques audacieuses et assumées. Par la prévention et le dépistage, nous évitons des souffrances humaines et des coûts de soins de demain.
Je suis déterminé à porter cette ambition et à garantir une prise en charge de qualité des patients atteints de cancer, tout en assurant une formation renforcée pour prévenir et combattre la maladie avec efficacité.
Chaque patient atteint d’un cancer mérite un soutien et un accompagnement efficace tout au long de son combat contre la maladie.






