Lutte contre le cancer : quelle feuille de route pour les hôpitaux de demain ?

Entretien avec

Arnaud Robinet, Président de la FHF | Fédération hospitalière de France

Organisation représentative des hôpitaux et établissements de santé publics en France, la Fédération Hospitalière de France (FHF) met en lumière le rôle prépondérant de ces établissements dans la prise en charge des patients atteints de cancers. Elle met également un point d’honneur à garantir un accès aux soins pour toutes et tous, sur l’ensemble du territoire.

Les hôpitaux publics sont en première ligne dans le traitement du cancer. Comment la FHF s’assure-t-elle de que les infrastructures et les équipements nécessaires aux soins oncologiques soient disponibles dans tout le réseau hospitalier public ?

Le traitement du cancer est un enjeu essentiel pour la FHF, car les CHU et les CH sont en première ligne dans la prise en charge des patients atteints de cancer, du dépistage à la guérison, en passant par la recherche clinique. Les hôpitaux publics prennent notamment en charge la majorité des hospitalisations complètes en cancérologie, ainsi qu’une majorité des séances de chimiothérapie et de radiothérapie : environ 45 %. L’enjeu est donc de placer les hôpitaux publics au centre du dispositif, d’assurer la répartition équitable des CHU et CH dans les territoires afin de répondre aux besoins de santé publique et aux défis de la prise en charge du cancer.

Nous travaillons par ailleurs étroitement avec les institutions de lutte contre le cancer, telles que l’Institut National du Cancer (INCa) pour garantir que les réglementations soient les plus adaptées aux pratiques de ce champ d’aujourd’hui. Cette coopération est cruciale pour que les nombreux financements disponibles puissent être déployés à l’échelle nationale, tout en assurant aussi leur sécurité ainsi que la qualité des soins, et les financements dédiés.

Les inégalités d’accès aux soins demeurent un problème majeur, notamment dans les zones rurales et les déserts médicaux. Comment la FHF travaille-t-elle pour garantir que tous les patients, quels que soient leur lieu de résidence ou leur situation sociale, aient un accès équitable à des soins oncologiques de qualité ?

La Fédération Hospitalière de France met un point d’honneur à la prise en charge de toutes et tous sans distinction à travers la solidarité et le travail entre professionnels de santé. Cela passe par une meilleure valorisation de la présence hospitalière, y compris dans les zones rurales et les déserts médicaux.

Nous avons notamment soutenu la réforme des autorisations d’activité, qui favorise un maillage territorial et une gradation des soins plus importants.

Les établissements publics sont en capacité de s’organiser, notamment autour des CHU et des Groupements hospitaliers de territoire (GHT), pour bâtir des filières graduées et d’excellence dans tous les territoires pour tous les patients.

C’est aussi par cette coopération renforcée que nous pourrons aussi garantir une diffusion de l’information sur les innovations thérapeutiques disponibles, et ainsi favoriser l’inclusion des patients et leur faire bénéficier des toutes dernières avancées de la recherche clinique.

Enfin, nous participons à des projets européens, qui visent à renforcer les capacités des centres hospitaliers dans la lutte contre les cancers et à mutualiser des programmes innovants. Ce sont des projets importants, que la Commission Européenne finance.

Par ailleurs, nous sommes engagés dans le projet EU4Health qui vise à renforcer les échanges en Europe et un renforcement du cancer center (CCC) sur le plan européen. La FHF participe pleinement à ces discussions, dans l’objectif d’améliorer l’accès aux soins et aux traitements pour toutes et tous.

C’est en ce sens également que nous soutenons le principe de responsabilité populationnelle et les expérimentations en cours dans plusieurs territoires en France.

Les premiers résultats sont plutôt positifs, et nous encourageons désormais son extension à d’autres territoires. Il s’agit là de réfléchir plus généralement à l’architecture des acteurs de premier recours pour définir des actions adaptées.

Pour ce, nous devons développer les moyens de pouvoir prévenir, dépister, mais aussi accompagner les patients après leur parcours de soin par exemple.

Dans le même ordre d’idées, quelles synergies entretenez-vous la FHF avec les collectivités locales, pour développer des initiatives de prévention et des programmes de santé publique sur le cancer ?

En premier lieu, il faut rappeler que la prévention est la clé de voûte de notre système de santé. Pour rappel, un an de dépistage vaut en bonne santé gagnée 1,8 milliard d’euros économisés par le système de santé.

Renforcer notre action en la matière est indispensable si nous voulons faire face sereinement au vieillissement de la population et à la hausse des maladies chroniques qui l’accompagnent. La prévention est essentielle pour améliorer la santé de la population mais aussi, sur un plan macroéconomique, limiter les dépenses de santé.

Pour cela, nous aurons besoin de tous les acteurs. À ce titre, le maillage de nos hôpitaux publics sur l’ensemble du territoire est un atout pour pouvoir mettre en œuvre des initiatives de prévention et des programmes de santé publique sur le cancer.

Nous travaillons avec l’Association des Maires de France (AMF), l’Assemblée des Départements de France (ADF) ou encore l’Association des Régions de France (ARF) pour déployer une approche territoriale de la santé.

Ces partenariats facilitent la coordination entre les hôpitaux publics et les collectivités, ce qui nous permet de mieux répondre aux besoins spécifiques des territoires en matière de prévention et de soins oncologiques.

Au regard de tous ces éléments, quelles synergies entretenez-vous avec les élus locaux ?

Les élus locaux jouent un rôle essentiel dans l’implémentation des projets de santé publique. Nous sollicitons régulièrement leur soutien pour le développement et le financement des infrastructures nécessaires.

Le financement apporté dans les projets correspondants aux attentes des communes qui bénéficient d’un soutien apporté par l’État et les agences régionales de santé (ARS) afin d’améliorer la coordination entre les acteurs de santé, les établissements et les professionnels de santé dans les zones sous-dotées.

En matière de lutte contre le cancer, visant à renforcer le public et la prévention, ces synergies sont essentielles pour sensibiliser et informer les habitants sur les bonnes pratiques de santé, mais aussi pour développer des campagnes de prévention, notamment auprès des jeunes générations.

Nous avons la conviction partagée que les pouvoirs publics et les élus doivent agir ensemble pour atteindre nos objectifs communs, qui sont d’améliorer la santé de nos concitoyens en favorisant la prévention, la détection précoce et garantissant l’accès à des soins de qualité pour tous.