L’Institut Paoli-Calmettes, en première ligne dans la lutte contre le cancer

Entretien avec

le Professeur Norbert Vey, Directeur général de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC)

Avec 200 essais cliniques en cours à son actif et le titre de premier centre français pour les greffes de moelle osseuse, l’Institut Paoli-Calmettes s’impose comme une référence en cancérologie. Une expertise s’étend également à la chirurgie robotisée, où il occupe également une position de premier plan.

Pouvez-vous, dans les grandes lignes, nous présenter les spécificités de l’Institut Paoli-Calmettes (IPC) ?

L’Institut Paoli-Calmettes (IPC) est un établissement privé à but non lucratif, classé comme ESPIC (Établissement de Santé Privé d’Intérêt Collectif), membre du réseau Unicancer aux côtés d’instituts comme Gustave Roussy ou l’Institut Curie.

Il fait partie intégrante du centre de lutte contre le cancer (CLCC), avec une triple mission : soins, recherche et enseignement. Situé à Marseille, l’IPC est l’un des quatre plus importants CLCC de France en termes d’activité.

Il emploie près de 2 000 collaborateurs, dont 300 médecins, et prend en charge chaque année entre 10 000 et 12 000 nouveaux patients, pour une activité annuelle de 45 000 personnes. Ses pôles d’excellence se concentrent sur le cancer du sein, du pancréas, les leucémies et les cancers colorectaux et urologiques.

Centre de référence en cancérologie, quelles ont été les principales avancées et autres accomplissements de l’Institut ces dernières années, tant sur le plan clinique que de la recherche ?

L’Institut Paoli-Calmettes abrite le Centre de Recherche en Cancérologie de Marseille (CRCM), où travaillent 450 chercheurs sur des thématiques variées liées à la biologie du cancer. En parallèle, une centaine de professionnels de l’hôpital se consacrent à des activités de recherche clinique ou translationnelle.

En matière d’essais cliniques, l’IPC joue un rôle de premier plan avec plus de 200 études en cours. L’année dernière, environ 1 400 patients ont été inclus dans ces essais, souvent axés sur des traitements en phases précoces.

La recherche et l’innovation sont une priorité institutionnelle. Pour cela, l’IPC est associé au CRCM qui emploie des chercheurs tous experts de la biologie du cancer.

Parmi les principales avancées, les équipes de chercheurs ont largement contribué à l’élaboration des signatures moléculaires qui permettent de prédire l’évolution sous traitement de cancers du sein avancés ainsi que de cancers du pancréas.

Dans le domaine de la greffe de cellules souches hématopoïétiques où l’IPC est particulièrement en pointe, sont de nouvelles techniques de greffe qui ont été mises au point et permettent désormais de traiter des patients plus âgés. Enfin, l’équipe d’immunologie dirigée par le Pr Olive a développé de nouveaux anticorps thérapeutiques, permis la création de plusieurs start-up qui conduisent actuellement, avec les cliniciens de l’IPC, des essais cliniques.

À l’heure où l’intelligence artificielle occupe une position centrale dans les stratégies de transformation numérique, comment s’intègre-t-elle dans ses programmes de recherche et de soin ?

Effectivement, l’Institut investit massivement dans la transformation numérique, en particulier dans l’intelligence artificielle (IA). L’IA est déjà utilisée, dans les domaines comme l’imagerie médicale et l’analyse des données des essais cliniques, mais également dans la planification des traitements.

En parallèle, un Département de transformation numérique a été créé pour accompagner les équipes médicales dans cette évolution et intégrer pleinement ces technologies dans la recherche et le soin.

Encore, l’IPC est à la pointe des domaines comme la chirurgie robotisée et la radiothérapie, qui figurent également au cœur de ses priorités nationales. L’objectif est d’augmenter la sécurité et la précision des interventions, tout en réduisant les séjours hospitaliers et les effets secondaires pour les patients.

L’IPC collabore-t-il avec d’autres instituts ou universités à l’échelle nationale et internationale ?

Oui, notamment avec le Marseille Immunology BioCluster, un projet d’envergure nationale qui vise à fédérer autour de Marseille plus de 96 millions d’euros de financement public et privé pour renforcer les collaborations entre chercheurs et cliniciens.

Ces collaborations couvrent aussi bien la recherche fondamentale que la recherche translationnelle, avec un accent particulier sur les tumeurs solides, ainsi que sur des recherches ciblant le cancer du pancréas.