L’OPCO Santé a été créé le 1er avril 2019, à la suite de la loi du 5 septembre 2018 pour « la liberté de choisir son avenir professionnel », qui prévoit la création d’opérateurs de compétences rassemblant des branches professionnelles dans une cohérence de champ économique et social. Depuis lors, l’OPCO Santé accompagne trois secteurs fondateurs dans leur politique emploi-formation : le sanitaire, médico-social et social privé à but non lucratif (SSSMS), les services de prévention et de santé au travail interentreprises (SPSTI), l’hospitalisation privée englobant le thermalisme (HP) auxquelles s’ajoutent les entreprises ne relevant pas d’un champ conventionnel, dont par exemple, les Établissements Français du Sang (ESF), partageant des problématiques proches en matière de formation, de difficultés de recrutement ou d’attractivité des métiers. En pleine croissance, l’OPCO Santé poursuit sa mission d’intérêt général, en faveur d’une société toujours plus inclusive.
L’OPCO Santé a été créé dans les suites de la loi « Pour la liberté de choisir son avenir professionnel » le 1er avril 2019. Pouvez-vous nous en dire davantage ?
Le 1er avril 2019, onze opérateurs de compétences (OPCO), dont l’OPCO Santé, étaient agréés par l’État, et chargés d’accompagner la formation professionnelle. Ils remplaçaient les anciens organismes paritaires collecteurs agréés (OPCA). À présent, nous endossons un rôle de conseil et de financeur, non plus de collecteur. C’est un tournant majeur dans notre approche de la formation professionnelle.
Nos missions sont multiples : c’est à la fois permettre l’intégration de nouveaux salariés dans nos secteurs et assurer la formation des professionnels en poste, en leur permettant notamment d’acquérir de nouvelles qualifications ou de se doter de nouvelles compétences pour faire évoluer leurs pratiques, participant ainsi à leur nécessaire fidélisation.
Par ailleurs, accompagner les mutations du secteur, en appui à la fois aux branches professionnelles et aux plus petites structures et répondre aux exigences accrues en matière de qualité et de prise en charge complexes des publics accompagnés constituent aussi l’ADN de l’OPCO Santé.
Précisément, vous avez créé avec le Baromètre emploi-formation un outil précieux pour comprendre et anticiper les enjeux et évolutions du marché. Pouvez-vous nous en décrire les objectifs et le fonctionnement ?
Le Baromètre emploi-formation est un outil conçu et piloté par l’Observatoire de l’OPCO Santé. Il constitue un outil commun de prospective, de données statistiques, qualitatives et d’analyse. Son objectif est de recueillir auprès de l’ensemble des adhérents un certain nombre d’indicateurs majeurs sur les enjeux de demain, afin de savoir ainsi répondre plus justement aux enjeux de demain.
En cela, il est utile à tous : employeurs, salariés et représentants du personnel. Cette « photographie » du périmètre des métiers du soin et de l’accompagnement permet de comprendre les spécificités et les enjeux selon les métiers, les structures, les régions. Il permet également d’identifier et de construire les compétences de demain, de mettre en visibilité les enjeux RH et les besoins des secteurs vis-à-vis des partenaires institutionnels comme France compétences, l’État, les Conseils régionaux, les ARS et les acteurs du conseil en évolution professionnelle (CEP). Il nous permet bien évidemment de construire nos politiques emploi formation pluriannuelles.
Soutenu financièrement par le Ministère du Travail, de l’Emploi et de l’Insertion dans le cadre de l’engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) conclu entre l’OPCO Santé et la DGEFP, le Baromètre emploi-formation, lancé en début d’année, présentera un premier volet de résultats quantitatifs en décembre prochain.
Avez-vous d’ores et déjà identifié des particularités sectorielles ?
Les secteurs qui composent l’OPCO Santé sont confrontés à de fortes tensions de recrutement et connaissent des transformations importantes en termes de qualification. Il en découle un besoin important de formation dans un secteur où l’exercice professionnel est fortement réglementé. Notre périmètre regroupe plus d’un million de salariés, dont 22 % travaillent dans le secteur des personnes âgées et 30 % dans celui du handicap.
Précisément, quels sont vos cœurs de cibles en termes de formation ?
Comme tous les OPCO, notre rôle est d’assurer le financement de la formation professionnelle de l’ensemble des salariés du secteur privé de la santé : les alternants et les salariés en poste. Par ailleurs, avec nos partenaires, Pôle Emploi, OETH et l’Agefiph, nous nous adressons aussi aux publics en difficulté d’emploi (personnes en insertion professionnelle, reconversion professionnelle, en situation de handicap…) entrant dans le champ d’intervention de l’OPCO Santé.
Vous êtes un acteur majeur de l’alternance. Pouvez-vous nous décrire les grandes lignes de votre politique à cet égard ?
Concernant la promotion de l’alternance, notre objectif est double : d’une part créer, au travers du contrat d’apprentissage et de professionnalisation, des conditions d’intégration facilitées dans nos secteurs, d’autre part, au travers du dispositif de promotion ou de reconversion par l’alternance, la Pro A, contribuer à la fidélisation des salariés de financement de formations qualifiantes lorsqu’ils sont en poste.
Par ailleurs, le dispositif a été boosté dans le cadre du volet « santé » du Plan de relance lequel visait en priorité à diminuer les tensions sur deux emplois clés du secteur : aide-soignant (AS) et accompagnant éducatif et social (AES). Dès 2020, nous étions partie prenante dans cette démarche avec l’obtention d’une subvention de 1,65 M€ pour l’exercice 2021-2022 au titre du FNE Formation (Fonds National pour l’Emploi) et 75 M€ pour le Plan de relance Pro A. L’objectif était de financer 2000 parcours (1000 AS/1000 DEAES) avant la fin décembre 2022 avec une prise en charge du coût complet. Aujourd’hui, les premiers résultats positifs qui n’encourageants pas déjà que depuis le 1er janvier 2021, 1285 entrées en formation dont 920 d’aides-soignants pour un montant de 41 M€.
Enfin, nous nous sommes fortement mobilisés autour du plan #1jeune1solution, initié par France Relance au début de l’été 2021. Un des volets de ce plan soutient l’alternance, par le biais d’aides financières accordées aux structures ayant signé un contrat d’apprentissage ou de professionnalisation avant le 30 juin 2021.

Précisément, quels sont les résultats ?
Nous assistons à une hausse générale du nombre de contrats d’alternance avec 10 679 contrats d’apprentissage et 2 216 contrats de professionnalisation, soit presque 10 fois plus pour les premiers qu’à nos débuts. Nous prévoyons d’ici fin 2022, 16 000 contrats d’apprentissage.
Pour continuer sur cette lancée, l’alternance reste un mode de formation dont nous faisons la promotion sur l’ensemble des territoires. C’est la raison pour laquelle nous avons organisé les Grands Rendez-vous de l’alternance : 12 rencontres régionales d’avril à juillet dernier qui ont rassemblé plus de 200 intervenants, acteurs clés du secteur et près 1000 participants pour échanger sur les problématiques rencontrées, sur les initiatives et bonnes pratiques territoriales.
Par ailleurs, après deux années de crise sanitaire, limitant les départs en formation des professionnels du secteur de la santé, 2021 a marqué un nouvel élan ; avec 519 M€ d’engagements et 574 000 départs en formation, l’OPCO Santé connaît la croissance la plus importante depuis sa création.
Privilégier la proximité, est-ce essentiel pour l’OPCO Santé ?
Sans la proximité, il ne peut être question de contact direct, d’échanges, de retour d’expérience, et cela est incompatible avec nos champs d’action, profondément humains. Nos adhérents étant répartis sur l’ensemble du territoire national ainsi que dans les territoires ultramarins, nous fixons notre fait de l’choix de l’implantation géographique de proximité, non pas sur 13 régions (depuis la loi NOTRe) mais en choisissant de conserver nos 25 sites régionaux, pour être au plus proche des besoins des adhérents.
Comment garantissez-vous la qualité des formations que vous financez ?
Depuis le 1er janvier 2022, tout organisme de formation financé par l’OPCO Santé doit être détenteur de la formation Qualiopi. Nous facilitons bien évidemment cette démarche complexe via le Diagnostic du Référentiel national qualité (RNQ) que nous proposons à nos adhérents ayant une activité formation. D’ailleurs, aujourd’hui, plus de 90 % d’entre eux sont référencés Qualiopi.
Êtes-vous un acteur fort des évolutions sociétales ?
Le secteur de la santé subit de plein fouet les évolutions sociétales : vieillissement de la population, progrès médicaux, développement d’offres d’accueil mixtes… Il doit répondre aux besoins accrus en santé, en accompagnement social et médico-social des Français, mais il doit aussi faire face à des difficultés de recrutement mais également de fidélisation de ses salariés.
La formation professionnelle prend alors tout son sens dans ce secteur où les métiers sont porteurs de valeurs fortes. Elle permet de faciliter l’accès au secteur en valorisant les métiers en direction des jeunes et du grand public, notamment les métiers en tension comme Infirmier, Aide-soignant, Éducateur spécialisé, Accompagnant éducatif et social… qui souffrent aujourd’hui d’un déficit d’attractivité.
La formation permet aussi d’adapter les compétences des salariés en poste, ce qui est essentiel dans un secteur où les gestes requièrent un plus de technicité. Elle permet enfin de qualifier les professionnels par le biais de formations longues, parfois de plusieurs années et ainsi de les fidéliser en leur permettant d’évoluer.
Vous le voyez donc, la formation professionnelle garantit la compétence des professionnels qui interviennent auprès des personnes fragiles.
Quelles sont vos prochaines échéances ?
Nous poursuivons plus que jamais notre mission de promotion de l’alternance auprès des jeunes et de leur famille. Parallèlement, nous réorganisons et digitalisons nos services avec un déploiement prévu au cours des prochaines années. Cette transformation vise à la fois à améliorer l’expérience utilisateur grâce à des outils et des services numériques mieux adaptés et à garantir un accès facilité à toutes les solutions emploi et formation que nous développons.
EXEMPLES DE PARTENARIATS & PROJETS EN COURS
- La Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA)
- Engagement de développement de l’emploi et des compétences (EDEC) Grand Âge et Autonomie
- Pôle Emploi (notamment avec les mises en place de Préparations Opérationnelles à l’Emploi Collectives – POEC)
- Signature d’une convention en 2021, entre la Direction Générale de la Cohésion Sociale et ses partenaires, dont l’OPCO Santé – Plan « Ambition Enfance Égalité »
- Accord Cadre depuis 2018 avec les structures de l’insertion par l’activité économique (SIAE)
- Programme de Formations Collectives depuis septembre 2021 – « Stratégie nationale de prévention et de lutte contre la pauvreté »
DÉCOUVREZ LES RÉSULTATS DU BAROMÈTRE EMPLOI-FORMATION
Outil commun de données statistiques, qualitatives, d’analyse et de prospective, le Baromètre emploi-formation de l’Observatoire de l’OPCO Santé est lancé en 2022 auprès de l’ensemble des secteurs privés de la santé avec l’institut BVA.
Cette enquête périodique permet de recueillir toutes les informations relatives aux besoins en emploi, en formation, en compétences et sur les difficultés que rencontrent ses adhérents.
Il livre ainsi une analyse précieuse pour comprendre et anticiper la situation de l’emploi dans les secteurs de la santé, du médico-social et du social en France.
Découvrez les résultats nationaux de cette première enquête d’envergure commune à l’ensemble des secteurs de l’OPCO Santé qui rassemble dans son périmètre près d’1,4 million de salariés.







