« Ma mission implique pour moi d’être le fil rouge des politiques en faveur de l’enfance, et d’assurer que les intérêts de l’enfance sont toujours bien pris en compte. »
Vous avez été nommée secrétaire d’État à l’Enfance. Comment appréhendez-vous cette mission ?
Offrir à tous les enfants un environnement et une éducation adaptés à leurs besoins, accompagner les plus fragiles, protéger les enfants de toutes les formes de violences dont ils sont encore trop souvent victimes : c’est la mission qui m’a été confiée par le Président de la République qui a fait de l’enfance une priorité de ce quinquennat.
Car si beaucoup a été fait au cours des dernières années, beaucoup reste encore à faire. Les violences faites aux enfants continuent de représenter un véritable défi de société et de santé publique. C’est un problème du quotidien, dont, malgré nos efforts, nous sommes encore loin d’avoir pris toute la mesure.
Quand il s’agit de protéger et d’assurer l’avenir de l’enfant, le combat doit être mené partout. C’est la raison pour laquelle je ne le porterai pas seule. Mon positionnement auprès de la Première ministre me permet de travailler de manière transversale, avec l’ensemble des membres du gouvernement. C’est un levier très fort d’actions.
Quels sont vos sujets prioritaires ?
Ma mission implique pour moi d’être le fil rouge des politiques en faveur de l’enfance, et d’assurer que les intérêts de l’enfance sont toujours bien pris en compte.
Ma feuille de route s’articule autour de trois grandes priorités :
► Lutter contre les violences, notamment sexuelles, faites aux enfants en assurant la fiabilité des données, en améliorant la connaissance sur les violences faites aux enfants, en suivant la mise en œuvre des préconisations de la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles, la CIIVISE, ou encore en luttant contre la prostitution des mineurs, un phénomène qui touche 7000 à 10000 jeunes aujourd’hui en France.
► Garantir l’égalité des chances aux enfants et jeunes protégés en prenant mieux en charge les enfants accueillis à l’Aide sociale à l’enfance, en assurant l’insertion professionnelle et sociale des jeunes majeurs et en agissant pour l’attractivité de la filière professionnelle de la protection de l’enfance.
► Agir pour le développement et le bien-être des enfants, avec des actions ciblées sur la santé mentale des enfants, leur protection dans le champ du numérique… Agir, c’est prendre en charge ces défis, auprès des 150 000 collaborateurs de l’institution.
Quelles actions menez-elles en interne et en externe ?
Je veux tout d’abord rappeler qu’une grande majorité des professionnels sont fortement engagés dans la protection de l’enfance et font leur métier le mieux possible dans des conditions très difficiles.
Pour agir au mieux pour nos enfants, nous devons aussi accompagner les professionnels qui les encadrent. C’est essentiel.
Il est nécessaire pour cela de rétablir l’attractivité des métiers de la protection de l’enfance. Pour lutter contre la pénurie de professionnels que connaît le secteur, je souhaite mener une action en profondeur sur le recrutement, la formation initiale et continue, la diversification des parcours et l’amélioration de la qualité de vie au travail.
J’aimerais aussi rendre plus fluide le partage d’informations entre les professionnels pour mieux prévenir et signaler des situations de violences et de maltraitance. Trop d’acteurs travaillent en se sentant isolés dans leur mission. J’aimerai créer une culture du partage des expériences, et des bonnes pratiques. Créer une communauté autour des belles histoires, c’est très important dans ces métiers du lien.
Comment anticipez-vous votre façon de travailler avec ce secteur clé et au-delà ?
Mon ambition est de travailler avec l’ensemble des acteurs impliqués dans le champ de l’enfance, au premier rang desquels les membres du gouvernement que la Première Ministre a réunis au sein d’un Comité interministériel de l’enfance.
Je serai bien entendu en lien étroit et permanent avec les départements qui sont les chefs de file de la protection de l’enfance dans les territoires. Je m’appuierai aussi sur le nouveau Groupement d’intérêt public France (GIP) Enfance Protégée qui réunit l’État et les départements et entrera en vigueur au 1er janvier 2023. Toujours avec les départements, nous allons relancer les comités départementaux de la protection de l’enfance (CDPE), prévus par la loi de février 2022. Ils seront des lieux d’échanges pour évaluer et traiter au mieux les situations des jeunes et des professionnels en difficulté, au plus près des réalités locales.
Je travaillerai également de manière régulière avec les parlementaires à l’Assemblée nationale. La délégation parlementaire aux droits de l’enfant présidée par la députée Perrine Goulet est un lieu essentiel de concertation, indispensable, qui permettra de créer du compromis et d’accroître la visibilité des politiques publiques en matière d’enfance.
Bien évidemment ce combat, je le porterai également avec les associations, très engagées au quotidien, et indispensables à notre action.
Pour réussir, nous avons besoin de la mobilisation de tous… et c’est à ce à quoi je m’emploie avec force aujourd’hui. Car il n’est pas de plus belle mission que celle d’assurer l’avenir de nos enfants.






