Transports Publics et ferroviaires : à l’ère de l’accessibilité

Entretien avec

Florence SAUJETEAU, Déléguée générale de l’UTP

Si la loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances a permis de multiples évolutions en matière d’accessibilité dans les lieux et les transports publics. Si l’accessibilité universelle n’est pas toujours aisée dans les transports publics et ferroviaires, les acteurs du secteur sont néanmoins mobilisés pour le droit à une mobilité inclusive de toutes et tous.

Pouvez-vous nous présenter l’UTP ?

L’Union des Transports Publics et ferroviaires (UTP) est l’organisation professionnelle des entreprises de transport public urbain et des entreprises de la branche ferroviaires (transport de voyageurs et/ou de fret et gestionnaires d’infrastructures). L’UTP représente plus de 170 opérateurs de transport urbain et une trentaine d’entreprises de la branche ferroviaire. L’UTP compte également une quarantaine de membres partenaires et associés (constructeurs, ingénieristes, bureaux d’études…), et couvre ainsi toute la chaîne de la mobilité durable.

Quelles sont les principales missions de l’UTP ?

L’UTP remplit trois grandes missions.

► Elle défend les intérêts de ses entreprises adhérentes auprès des pouvoirs publics (gouvernement, parlement, administrations…), des acteurs institutionnels et des institutions européennes. Nos grands sujets d’actualité sont évidemment la nécessité de limiter l’impact de la hausse du coût de l’énergie pour les entreprises de transports publics, de convaincre le gouvernement à investir plus fortement pour renforcer l’offre de transports collectifs, seuls moyens de déplacement qui protègent la planète et le pouvoir d’achat des Français.

► L’UTP contribue à la qualité du dialogue social, notamment à travers les deux conventions collectives qu’elle gère : la convention collective nationale des réseaux de transports publics urbains de voyageurs qui entame le grand chantier de la révision des classifications et la convention collective nationale ferroviaire, en cours de finalisation avec des négociations en cours sur la prévoyance.

► Notre organisation professionnelle offre un haut niveau de service à l’ensemble de ses adhérents. L’UTP va notamment lancer une grande campagne d’attractivité des métiers pour toutes les entreprises de transport urbain comme elle l’a déjà fait pour le ferroviaire.

Quelles ont été les évolutions et mutations des transports publics et ferroviaires en termes de prise en charge du handicap ?

La loi du 11 février 2005 pour l’égalité des droits et des chances a apporté beaucoup en matière d’accessibilité dans les lieux et les transports publics.

Au fur et à mesure du renouvellement du parc, les bus sont devenus accessibles. Ils ont été conçus avec un plancher bas, voire surbaissé, et équipés d’une palette d’accès et d’un emplacement spécifiquement aménagé pour accueillir les utilisateurs de fauteuil roulant (UFR). Toutefois, pour qu’un bus soit accessible, il faut que les arrêts de montée et de descente le soient également. Certains de ces arrêts sont reconnus comme prioritaires dans le cadre des schémas directeurs d’accessibilité programmée (SD’AP). L’autorité organisatrice de la mobilité (AOM) et la collectivité locale portent l’obligation de ces travaux. Aujourd’hui, tous les bus urbains sont accessibles aux voyageurs en fauteuil roulant et dotés de systèmes d’annonces sonores et visuelles des arrêts.

S’agissant des métros et des trains, ils font régulièrement l’objet de travaux pour améliorer l’accessibilité aux personnes en situation de handicap. Plusieurs textes européens, tels que la STI PMR ou le règlement européen sur les droits et obligations des voyageurs ferroviaires (DOV), encadrent leurs obligations à ce sujet. Néanmoins, l’accessibilité des trains et des métros dans les gares varie selon l’ancienneté des véhicules et des accès quais.

En complément ou en substitution des modes de transport « classiques », des services spécifiques de transport de personnes à mobilité réduite (TPMR) peuvent être mis en place dans les territoires et les agglomérations.

Quelles actions ont été menées en termes d’accessibilité et d’autonomie dans votre secteur ?

Outre la mise en accessibilité des véhicules et des arrêts/quais par les autorités organisatrices, les entreprises se sont dotées de référents Handicaps localement ou en structures centrales. Ces salariés et tous les personnels en contact avec le public (agents d’accueil, agents d’exploitation et conducteurs) sont formés à l’accueil de personnes handicapées.

En complément de ces formations, certaines entreprises de l’UTP ont mené des démarches et des actions de labellisation ou de certifications tels que le label S3A, la certification AFNOR et la certification HANDEO.

Par ailleurs, les entreprises et les collectivités locales échangent avec les associations représentatives de personnes en situation de handicap lors de leur comité d’usagers.

Enfin, les équipements automatiques d’information et/ou de vente de titres de transport sont de plus en plus nombreux à prendre en compte les situations de handicap et permettent une plus grande autonomie de déplacement aux voyageurs concernés.

Quels sont les prochains chantiers de l’UTP sur l’accessibilité ?

La délégation ministérielle au handicap prépare une conférence nationale qui fixera les priorités du quinquennat en matière de handicap et d’accessibilité. Nous participons aux travaux sur les transports et la mobilité. L’UTP doit être force de proposition sur différents sujets comme l’aménagement des réseaux ou encore l’application du nouveau règlement DOV/PRR ou encore de la directive accessibilité.

Par ailleurs, la commission « Nouvelles mobilités, villes de demain » de l’UTP a débuté des travaux de prospective sur le vieillissement de la population et son impact sur les besoins en mobilité. Les premiers « baby-boomers » atteignent l’âge de 75 ans cette année, c’est un âge charnière auquel, pour les automobilistes, la question de racheter une nouvelle voiture se pose, ou d’en racheter une. Pour autant, ces personnes n’entendent pas renoncer à leurs déplacements pour leurs loisirs, leur vie sociale, leurs achats, etc.

C’est donc le moment où les transports publics doivent être au rendez-vous en termes de qualité de service, de sécurité, d’information pour constituer une alternative efficace et rassurante à la voiture individuelle.