Direction générale de la cohésion sociale, son fil rouge : l’accompagnement et l’humain

Entretien avec

Jean-Benoît DUJOL, Administrateur général de l’État, Directeur général de la cohésion sociale

Administration interministérielle, innovante s’il en est, La Direction générale de la cohésion sociale (DGCS), conçoit et pilote les politiques publiques de solidarité, afin d’améliorer la vie quotidienne des personnes en situation de précarité, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des enfants et des familles, des majeurs protégés. Direction de proximité, proche du terrain, elle déploie sur les territoires aux côtés des parties prenantes l’ensemble des dispositifs nationaux, qui se déclinent aux spécificités locales. Humaniste et républicaine, l’Humain est au cœur de toutes ses dynamiques.

Pouvez-vous nous rappeler les missions de la Direction générale de la cohésion sociale ?

La Direction générale de la cohésion sociale dont le directeur est aussi délégué interministériel aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes et délégué interministériel à la famille, est une direction d’administration centrale du ministère chargé des affaires sociales. Elle est au service de la politique sociale définie par le Gouvernement, dans une acception particulièrement large qui va de la protection de l’enfance et des familles, à la prise en charge des personnes en situation de handicap, des personnes âgées, des personnes en situation de précarité en passant par la prévention et la lutte contre la pauvreté, l’insertion, la mobilisation pour l’égalité hommes-femmes et la lutte contre les violences faites aux femmes. Nous sommes mobilisés autour de la vulnérabilité et de la protection des personnes.

Notre volonté est ainsi d’accompagner toutes les personnes, à tout âge de la vie, quelles que soient les difficultés transitoires ou permanentes, qu’elles peuvent rencontrer. L’enjeu est de permettre à chacun de construire la vie à laquelle il aspire, de mener le parcours de vie qui lui convient. Ainsi, non seulement nous conduisons les politiques publiques de solidarité, avec pour objectif l’amélioration constante de la vie quotidienne des personnes.acteurs locaux qui travaillent autour de ces sujets et qui se sont fédérés au sein de notre réseau.

L’accompagnement est véritablement le sens de mon mandat. Nous considérons ainsi les personnes non pas comme des objets de politique publique mais comme des sujets, des acteurs de leur vie, à un moment donné pour différentes raisons ont besoin d’être soutenues dans leur projet de vie. Pour ce faire, nous sommes mobilisés autour des accompagnateurs des territoires que sont au premier niveau les collectivités locales, en particulier les départements, ainsi que les associations. Nous n’avons de cesse d’entretenir et développer nos partenariats avec les associations nationales d’élus et l’ensemble des acteurs de terrain.

Nous sommes en outre chargés de la tutelle de trois réseaux déconcentrés que sont les agences régionales de santé (ARS), les directions régionales en charge de l’économie, du travail, de l’emploi et des solidarités (DREETS) et les directions régionales et départementales aux droits des femmes et à l’égalité entre les femmes et les hommes (DRDFE et DDEFE). De la même façon, nous exerçons une tutelle sur trois organismes de sécurité sociale que sont la Caisse nationale d’allocations familiales (CNAF), la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) ainsi que sur la Caisse centrale de la mutualité sociale agricole (CCMSA) et le réseau des MSA.

Concernant des spécificités beaucoup plus techniques, nous exerçons aussi la tutelle de l’Agence nationale d’appui à la Performance (ANAP) qui intervient au profit de la DGCS sur le champ médico-social.

Cette proximité particulièrement forte avec les territoires nous permet à la fois de bénéficier de précieux retours d’expériences, innovants ou pertinents, de détecter et d’accompagner les innovations sociales sur le terrain, tout en veillant à la cohérence et l’équité de la mise en œuvre au bénéfice de l’échelle locale.

Nous ne faisons pas de l’accompagnement à la place de mais avec et pour. Notre mission n’est ainsi pas de « faire » mais d’appuyer les acteurs locaux dans leurs interventions.

De manière générale, notre action se veut résolument transversale et en lien avec de nombreux ministères. La DGCS est d’ailleurs sous la tutelle de cinq ministères et secrétariat d’Etat que sont le Ministère des Solidarités, de l’Autonomie et des Personnes handicapées ;le Ministère du Travail, du Plein emploi et de l’Insertion ; le Ministère délégué chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes, de la Diversité et de l’Egalité des chances, auprès de la Première Ministre ; le Ministère délégué aux Personnes handicapées ; et le Secrétariat d’Etat chargé de l’Enfance, auprès de la Première Ministre.

Cette transversalité s’exprime aussi à travers nos échanges constants avec les autres directions d’administration centrale, telle la délégation interministérielle à la prévention et à la lutte contre la pauvreté (DIPLP), la délégation interministérielle à l’hébergement et à l’accès au logement (DIHAL), la délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP), la direction de la protection judiciaire de la jeunesse (DPJJ), la direction générale des outre-mer (DGOM), la direction générale de l’alimentation (DGAL), la direction générale de l’enseignement scolaire (DGESCO), la direction générale de l’enseignement supérieur et de l’insertion professionnelle (DGESIP), ou encore l’Agence nationale de la Cohésion des territoires (ANCT).

Nous portons ainsi de concert des projets transversaux. Pour un maximum d’efficience, nous avons ainsi créé le Cercle social des directions d’administration centrale (DAC). Il rassemble les différentes administrations centrales concernées par les politiques sociales qu’il s’agisse du travail, de l’agriculture, de l’enseignement, de l’intérieur, des outre-mer ou de l’ANCT.

Nous pouvons ainsi agir de façon globale et coordonnée autour des enjeux et défis immenses que nous avons à relever en matière de politique de solidarité.

Gender equality concept as woman hands holding a white paper sheet with male and female symbol over a crowded city street background. Sex sign as a metaphor of social issue.

Sur quels dossiers travaillez-vous actuellement ?

Je pense d’abord à la grande cause de ce quinquennat : l’égalité entre les femmes et les hommes. La lutte contre les violences faites aux femmes est au cœur de cet engagement. Mais cela va bien au-delà : nous sommes partie prenante dans toutes les politiques conduites sur ce sujet qu’il s’agisse de l’accès aux droits, de la lutte contre les violences, de l’égalité professionnelle ou encore de la culture de l’égalité.

Parallèlement, nous sommes mobilisés sur des multiples dossiers. Je citerai ainsi le service public de la petite enfance. La protection de l’enfance au sens large est un enjeu très fort pour l’Etat qui comprend nombre de problématiques à l’image de celles de la jeunesse. Il est de notre responsabilité de veiller à les accompagner et bon nombre d’entre eux, qu’il s’agisse du placement ou lui-même à leur insertion dès la sortie. Il n’est point question de les abandonner par la suite, sans leur garantir toutes les chances de réussir leur vie, leur droit au bonheur, comme aux autres.

Dans les faits, les dossiers que nous portons concernent tous nos champs d’intervention. Nous sommes par là-même aussi mobilisés sur la mise en œuvre de la solidarité à la source, l’acte II de la stratégie de lutte contre la pauvreté, le bien vieillir, ou encore France travail, la conférence du handicap 2023 mais aussi sur l’attractivité des métiers du social et du médico-social.

En quoi l’Accompagnement Social et Médico-Social fait-il partie de ses missions ?

Le fil rouge de toutes nos actions et missions est bel et bien l’accompagnement social et médico-social. C’est pourquoi, nous sommes aux côtés de ces professionnels de l’accompagnement de première ligne, de ces acteurs indispensables du lien humain, si essentiels à la société telle que nous la voulons, et dont la pandémie a démontré, si besoin en était à quel point ils étaient au cœur de toute cohésion sociale.

Notre mission est de consolider et de renforcer l’attractivité de ces métiers, qui connaissent une véritable crise de vocations, y compris dans le secteur de la petite enfance qui était jusqu’alors épargné.

Ce renforcement de l’attractivité passe par l’activation de nombreux leviers. Il s’agit ainsi de revaloriser les salaires, mais aussi de redonner du sens, d’améliorer des conditions de travail dont on a trop longtemps ignoré la pénibilité.

Les professionnels qui s’engagent dans cette voie possèdent en général ce supplément d’âme qui fait toute la différence, la vocation d’aider l’autre. Il faut tout faire pour ne pas casser ces vocations, mais au contraire en faire naître de nouvelles, en améliorant la qualité de vie au travail, l’épanouissement professionnel, qui passe aussi par la reconnaissance de la valeur de leur mission au service des autres.

Il nous incombe ainsi de redonner leurs lettres de noblesse à ces métiers qui ont longtemps été invisibles et dans l’ombre.

Les besoins sont immenses en termes de recrutement et nous devons être plus que jamais mobilisés autour de ces enjeux indissociables d’une société inclusive et bienveillante. En effet les besoins quantitatifs doivent aller de pair avec l’exigence du qualitatif, qui ne saurait être négociable.

Nos missions dans ce cadre de renforcement de l’attractivité de ces métiers englobent ainsi tous les sujets qui lui sont essentiels : recrutements, revalorisations salariales, formation et ingénierie des diplômes, amélioration de la qualité de vie au travail ou encore la promotion de la bientraitance.

Quelle vision portez-vous quant à l’accomplissement de la mission de la direction générale de la cohésion sociale ?

Je dirais que cette direction porte en elle à bien des égards le devenir des personnes en situation de vulnérabilité, contribue à les accompagner dans les chemins de la vraie liberté au sens d’être maître de son propre destin.

Nous insufflons par là-même un cadre défini qui permet dans tous les territoires, quelle que soit la situation initiale des personnes, de se réaliser dans leur vie.

Nous sommes ainsi à la fois aux côtés des structures et organismes publics et territoriaux, des acteurs de terrain, des professionnels du social et du médico-social, de toutes les forces vives mobilisées autour des personnes vulnérables afin de porter haut et fort les valeurs de solidarité et d’égalité des chances.