« La loi Hamon de 2014 a donc posé les bases de l’ESS en France. Il nous faut aujourd’hui aller plus loin pour donner l’impulsion de ces dix prochaines années. »
Il y a quelques mois, l’économie sociale et solidaire a repris ses attaches au Ministère de l’Économie, à Bercy ! Cette décision du Président de la République et de la Première Ministre est un choix fort qui traduit une vision politique ambitieuse. Jusqu’au 20 juillet, mon portefeuille était celui de l’économie de tous les jours avec, entre autres postes, les PME, le commerce et l’artisanat.
Y introduire l’ESS traduit une volonté de tisser des liens entre l’ESS et cette économie de proximité, du quotidien.
Je pense d’ailleurs plus généralement que l’ESS et l’économie « conventionnelle » doivent travailler main dans la main, chacune avec ses spécificités, pour répondre aux défis de notre temps.
Plus que jamais, notre société est à un carrefour : la planification écologique est en marche pour accompagner notre pays à faire face à l’épuisement des ressources, à la dette et à la nécessaire métamorphose de notre économie. Et nous devons donc accompagner la transformation de nos modes de production vers un monde plus durable et plus solidaire.
Que notre pouvoir soit exécutif ou législatif, il est essentiel de nous engager pour profondément transformer nos manières de concevoir l’entreprise et d’intégrer davantage les enjeux sociétaux et environnementaux qui accompagnent ces mutations.
La loi Hamon de 2014 a donc posé les bases de l’ESS en France. Il nous faut aujourd’hui aller plus loin pour donner l’impulsion de ces dix prochaines années. Cela suppose d’avoir des priorités :
La première priorité est celle de replacer l’ESS au cœur de l’économie réelle, de la pleine activité, dans les territoires. Les SCOP et SCIC en sont le fer de lance, et doivent être généralisées et dotées à pertinence accrue afin de définir un nouveau modèle de travail et de gouvernance démocratique. Les SCOP mais dans les territoires et nos localités doivent propulser ces modèles.
Les territoires de coopération économique, par exemple, sont de véritables machines à développer des projets économiques vertueux à l’échelle des bassins de vie. Ils doivent pouvoir continuer à bénéficier d’une aide de l’État dans la durée.
Après avoir mobilisé de manière durable 2,5 millions d’euros par an pour les soutenir, je veux que nous puissions travailler sur leur pérennisation et leur changement d’échelle.
Ma seconde priorité sera de continuer, autant que faire se peut, à développer l’innovation en matière sociale et environnementale. Ces dernières années ont déjà permis de réels progrès mais il faut renforcer nos financements en matière d’économie pour faire davantage passer l’impact.
Je pense par là aux contrats à impact qui permettent à des projets de recevoir un financement à l’aune de leurs résultats. Ils encouragent la culture de l’efficacité et la recherche de la performance sociale et environnementale.
Ma troisième priorité – et non des moindres – est celle qui consiste à faire de l’ESS, le moteur d’une économie du « care », d’attention à l’autre. Seule, durable et juste.
Le hors-salariat (les 5 millions de plus à la recherche d’activités sociales) doit pouvoir faire de l’ESS une réponse évidente et de plus en plus un avantage comparatif en termes d’emploi.
S’inscrire dans une démarche qui prend en compte l’impact social et environnemental, c’est également s’adresser à la majorité silencieuse des Français qui aspirent à « faire leur part ».
Je suis donc profondément convaincue que l’ESS, en France, a beaucoup à apporter. La capacité à inventer des modèles, fédérer les territoires et à créer d’autres futurs.
Transformer notre économie pour l’inscrire dans une démarche plus respectueuse des hommes et de l’environnement n’est plus un vœu pieux, c’est une exigence. Et plus que jamais, l’aimer c’est aussi la transformer !






