Le renouveau démocratique fait parfois figure d’« OPPNI » : un véritable objet de politique publique non identifié. On lui prête mille traits, tour à tour : des budgets participatifs aux concertations ou conventions citoyennes en allant jusqu’à la réforme des institutions. Pour ma part, je conçois ce renouveau comme un continuum dans lequel la participation citoyenne, le renforcement du Parlement, la mise en œuvre de nouvelles méthodes de travail sont les faces d’une même pièce qui nous guident et nous efforcent : donner le goût et la responsabilité du vote.
J’ai une conviction ancrée : en remettant le citoyen au cœur de la cité, le Parlement, ses pouvoirs et son rôle de contre-pouvoir seront mécaniquement renforcés. L’abstention qui monte c’est le Parlement qui se retrouve délégitimé, dépeuplé. Un vote vif et massif est la condition de vigueur démocratique pour nos parlementaires. Aussi, gardons-nous de ne jamais opposer mandat représentatif et participation citoyenne ou démocratie directe. Dans le respect des périmètres et en dialogue constant, nous pouvons faire évoluer un système démocratique décrié et de plus en plus délaissé.
La plus grande innovation du renouveau démocratique est finalement socratienne : il nous faut dialoguer et faire dialoguer. Au fond, l’incapacité à débattre (et à entendre) abîme la démocratie au cœur. Cette incapacité retire toute possibilité de construire des solutions acceptables par tous. Ce faisant, elle prive le décideur politique des signaux faibles nécessaires à une décision juste et éclairée. Elle donne aux citoyens toutes les raisons de se sentir ignorés, trahis.
L’équation est simple : sans dialogue, pas de confiance. Sans écoute, pas d’appartenance.
Le dialogue est ce premier socle pour parvenir à l’itération et par là à une démocratie plus efficace.
C’est d’ailleurs toute la logique qui sous-tend le Conseil national de la refondation initiée par le président de la République et qui se traduit en actes concrets. Derrière l’itération, c’est l’idée qu’une politique publique est un succès lorsque qu’elle n’est plus décidée depuis les étages élevés des administrations mais construite à la maille locale et citoyenne, puis reproduite par émulation.
C’est aussi la logique et l’esprit des Dialogues de Bercy ou encore du plus récent groupe de contact interparlement autour de la convention citoyenne sur la fin de vie. L’idée n’est jamais d’enlever au Parlement son rôle de contrôle, conforter l’action du Gouvernement ou évaluer les politiques publiques. Elle est plutôt de faire se rencontrer les idées collectives et les forces vives du pays, le plus en amont possible pour œuvrer dès lors au service de politiques publiques bien ficelées, que l’on saurait justes et satisfaisantes pour quiconque se préoccupe de la qualité de l’action publique.
Il ne faut toucher à la loi que d’une main tremblante, certes mais pourvu seulement que cette main tremblante soit soutenue par un dialogue où s’élèvent des voix multiples qui ne trembleront ni d’être entendues, ni d’être confrontées ou débattues. Le renouveau démocratique n’est en rien un objet non identifié. Mieux, il revient aux fondements même de la démocratie, bien identifiés eux. Ces fondements résidents dans le verbe et l’écoute : que ce soit dans l’agora, le Parlement, la collectivité, l’espace public ou numérique, partout où des voix s’élèvent et s’intéressent à ce qui fait société. Aussi, puissent les voix du Parlement œuvrer au renouveau démocratique, elles y ont toute leur place, leur sens et leur devoir.






