« Cette structure est chargée de coordonner l’action des différents acteurs de l’État impliqués dans la préparation de l’événement, d’assurer l’interface avec le comité d’organisation et le suivi du programme d’équipements porté par la SOLIDEO et de veiller à la cohérence et au bon avancement des actions conduites en lien avec les préfets et les collectivités des territoires hôtes des JOP. »
Vous êtes Délégué Interministériel aux Jeux Olympiques et Paralympiques, Pouvez-vous nous rappeler vos champs d’action ?
Le jour de la désignation de Paris comme ville-hôte des Jeux Olympiques et Paralympiques en 2024, l’Etat s’est doté d’une organisation spécifique directement rattachée au Premier Ministre : la Délégation Interministérielle aux Jeux Olympiques et Paralympiques (DIJOP).
Cette structure est chargée de coordonner l’action des différents acteurs de l’État impliqués dans la préparation de l’événement, d’assurer l’interface avec le comité d’organisation et le suivi du programme d’équipements porté par la SOLIDEO et de veiller à la cohérence et au bon avancement des actions conduites en lien avec les préfets et les collectivités des territoires hôtes des JOP. Il s’agit donc de faciliter la construction collective d’un projet d’une ampleur inédite en veillant au respect de ses principaux enjeux.
En quoi votre carrière vous prédestinait-elle à cette mission ?
J’ai exercé différentes responsabilités en cabinet ministériel (Agriculture, Intérieur) et en tant que Préfet, dans plusieurs territoires métropolitains ou ultra-marins. Ces fonctions m’ont amené à conduire de nombreux dossiers liés à des problématiques parfois complexes dans un dialogue permanent avec les élus locaux et les acteurs de terrain.
Par ailleurs, en tant que Préfet de Police et Préfet de Région d’Ile-de-France, Préfet de Paris, j’ai eu à connaître du dossier olympique et paralympique dans sa phase de candidature sur les aspects sécuritaires dans un premier temps puis dans sa mise en œuvre et son déploiement à Paris et en Ile-de-France dans un second temps.
Rien ne me prédestinait à exercer de telles responsabilités si ce n’est le souhait de servir de l’Etat pour un projet que j’estime être fédérateur.
Quels ont été vos grands axes de mobilisation depuis 2020 et notamment dans le cadre de la préparation des JOP ?
Depuis 2020 mais plus largement depuis la création de la DIJOP en 2017, on peut distinguer trois grands axes de mobilisation sensiblement liés à la vie de tout projet. Le premier a été de créer puis de stabiliser un mode de gouvernance propre à l’Etat mais aussi avec l’ensemble des parties prenantes au projet.
Il a fallu également adapter le cadre juridique pour intégrer les contraintes d’organisation d’un tel événement. Cela s’est traduit par l’adoption de deux lois olympiques ; celle du 26 mars 2018 et celle du 19 mai 2023 qui sont venues transposer certaines dispositions du contrat de ville hôte, adapter les règles d’urbanisme permettant la livraison des ouvrages dans les temps impartis, préciser et renforcer les dispositifs de sécurité déployés pendant les Jeux tout comme les mesures relatives à l’éthique et l’intégrité.
Le second axe de mobilisation a été celui de la planification stratégique de l’événement dans toutes ses composantes en accompagnant le comité d’organisation et la SOLIDEO dans leur montée en puissance mais aussi dans tous les domaines d’intervention de l’Etat qu’il s’agisse de la sécurité, des transports, de l’accessibilité, de l’emploi, ou encore de l’héritage.
Enfin, le troisième axe de mobilisation, celui qui nous occupe actuellement, est d’assurer la livraison opérationnelle des Jeux en veillant au respect des impératifs internationaux ainsi qu’au contexte de médiatisation accrue de l’événement.
Quels en sont les grands enjeux et défis?
Les Jeux Olympiques et Paralympiques ce sont plus de 16 millions de visiteurs attendus, 4 millions de téléspectateurs dans le monde, 15 000 athlètes et plus de 800 épreuves sportives.
C’est donc l’image et la réputation de la France qui rentre en jeu avec un projet d’une ampleur inégalée, de nombreux défis capacitaires, logistiques et opérationnels à relever et qui sont induits par l’organisation d’un événement multi-sites, concentré principalement en Ile-de-France avec des temps forts inédits tels qu’une qu’une cérémonie d’ouverture pour la première fois en dehors d’un stade.
Il s’agit donc de susciter l’adhésion et garantir l’acceptabilité du projet par le biais d’une organisation irréprochable en matière de sécurité avec la mobilisation de plus de 30 000 policiers et gendarmes, de fluidité dans les transports avec 100% des sites accessibles en transports en commun et le déploiement d’un réseau cyclable de 415 kilomètres, d’accessibilité ou encore de sobriété budgétaire avec un choix qui a été celui de privilégier des infrastructures temporaires. Plus encore, il s’agit de s’assurer que ces Jeux laisseront une trace utile et durable pour le pays.
C’est tout le sens des politiques publiques qui sont menées par l’Etat depuis quelques années en matière d’équipements sportifs de proximité et de développement de la pratique sportive érigée en Grande Cause Nationale en cette année 2024. Enfin d’un point de vue plus personnel, le dépassement des cloisonnements politiques et administratifs, parfois hermétiques, est un défi nécessaire pour mener dans la conduite de ce projet complexe mais néanmoins fédérateur.
En tant qu’ancien Préfet dans de nombreux territoires, que pensez-vous en particulier de leurs impacts sur eux ?
Les Jeux Olympiques et Paralympiques doivent et devront irriguer non seulement Paris et l’Ile-de-France mais aussi l’ensemble du territoire.
Dès le départ, cette exigence a pleinement été intégrée au projet olympique et paralympique avec l’organisation d’épreuves dans une dizaine de villes hôtes comme Châteauroux, Nice, Lille, Marseille ou encore en Polynésie française qui accueillera les épreuves de surf sur le site de Teahupoo. Le programme des ouvrages olympiques supervisés par la SOLIDEO a également intégré cette dimension avec, à titre d’exemple, plus de 1 700 entreprises issues de 70 départements mobilisées dans la construction du Village des athlètes inauguré le 29 février dernier par le Président de la République.
Parallèlement, le comité d’organisation et l’Etat ont mis en place un plan d’animation territorial qui bénéficie aujourd’hui à 3 800 collectivités territoriales labellisées « Terre de Jeux » et 6 000 établissements scolaires labellisés « Génération 2024 » pour leur permettre de développer la pratique du sport et l’organisation d’événements autour des valeurs de l’olympisme.
La tenue des Jeux sera aussi l’occasion pour l’ensemble des Français de se rassembler au sein du Club France au parc de la Villette mais également des Clubs 2024, fans zones qui seront mises en place partout sur le territoire national afin de vivre collectivement les épreuves sportives qui seront retransmises en direct, d’organiser des animations sportives et des rencontres avec les athlètes.
Sans oublier les relais de la Flamme Olympique et Paralympique qui traverseront durant 80 jours près de 450 villes et mettront en lumière la diversité et la richesse de notre pays.
Lorsque l’on se mobilise autour des JOP, prépare t-on obligatoirement leur lendemain ?
Au-delà des quatre semaines de compétition, les Jeux de Paris 2024 sont une opportunité d’accélérer les transformations de notre pays et d’y laisser une empreinte utile et durable.
C’est cette notion d’« héritage » mentionnée un peu plus tôt qui a été au mise au cœur du projet et qui a fait l’objet d’une stratégie de long terme au-delà des Jeux. Une partie de cet héritage est d’ores et déjà visible dans le département de la Seine-Saint-Denis, avec la construction du Village des athlètes et du cluster des médias qui laisseront après les Jeux 4 000 logements accessibles, dont 40% de logements sociaux, dans deux éco-quartiers innovants accompagnés de nouveaux services publics (crèches et groupements scolaires).
Cinq franchissements urbains ont par ailleurs été construits permettant une réduction de la fracture territoriale comme le franchissement urbain Pleyel, ou encore le franchissement de l’autoroute A1 entre le Stade de France et le Centre Aquatique Olympique.
Enfin, le Gouvernement a décidé de mener un programme de treize études visant à mesurer les impacts de l’organisation des Jeux Olympiques et Paralympiques en France en regard d’une pluralité de politiques publiques qui, en complémentarité de celles menées par l’organisateur des Jeux, devront contribuer objectivement à alimenter le débat public sur l’opportunité d’accueillir de grands événements sportifs et en particulier les Jeux.
Vous avez fait le choix de prolonger votre mission jusqu’à l’issue de l’événement. Quels nouveaux horizons vous dessinez-vous ensuite ?
À ce stade, nous sommes focalisés dans la dernière ligne droite du projet, avec toute l’implication et la vigilance que les services de l’Etat doivent avoir pour garantir la réussite collective des Jeux.
Toutefois, nous avons engagé des premières réflexions autour du bilan de la préparation et de l’organisation des Jeux depuis 2017 pour nous permettre d’en tirer tous les enseignements. Les missions de la DIJOP s’achèveront quant à elles à la fin de l’année de 2024.






