Notre relation bilatérale (…) est ancienne et forte. Elle est basée sur des liens historiques et d’amitié, sur cette langue, cette culture que vous avez rappelée. Elle est faite aussi de femmes et d’hommes qui vivent entre nos deux pays, qui nourrissent au quotidien cette relation comme en témoigne d’ailleurs la diversité de la délégation qui m’accompagne.
Elle est composée de parlementaires engagés dans la relation bilatérale et parfois même fruit de cette relation. Elle est économique, culturelle, sportive. Elle a le visage de cette amitié et de ce que le temps a forgé.
Avec Monsieur le Président, nous avons discuté de plusieurs sujets qui touchent à la fois à la coopération bilatérale, la situation régionale et les sujets internationaux. Nous avons tout d’abord parlé de sécurité et de lutte contre le terrorisme. J’y reviendrai brièvement, Monsieur le Ministre de la Défense vous avez parfaitement résumé notre ambition commune et le Président à l’instant rappelé ces enjeux.
Ce sujet nous préoccupe tous, et en rappelant en effet les attentats que nos deux pays ont subis, en particulier durant les années 2015-2016 mais aussi dans des années et des mois plus récents, nous savons combien la lutte contre le terrorisme demeure une priorité.
Avec l’Académie Internationale de lutte contre le terrorisme dont nous signons dès hier le lancement, nous passons une étape supplémentaire de ce qu’ensemble nous avons enclenché il y a 2 ans et qui permettra ici-même d’avoir un projet majeur permettant à la Côte d’Ivoire d’être à la pointe de la formation et d’entraînement et de consolidation également la relation de défense et sécuritaire qui est la nôtre.
J’étais hier aux côtés des Forces Françaises présentes en Côte d’Ivoire qui, je dois le dire, portent d’ailleurs cette amitié dont le travail constant avec vos forces, Monsieur le Président, témoigne de cette amitié et de ce mariage. Et je crois que nous avons là ensemble constitué véritablement le socle de la sécurité pour votre pays, pour la région et nous le dotons aujourd’hui avec cette étape supplémentaire de capacités pour lutter contre le terrorisme.
Bien évidemment c’est au Sahel que ce sujet est le plus brûlant et nous avons avec le Président OUATTARA évoqué cette situation. J’ai eu l’occasion à plusieurs reprises de m’exprimer sur notre engagement et sur l’implication de nos forces. Vous avez eu l’amitié, Monsieur le Président, de rappeler l’opération Barkhane.
Il y a aussi la contribution à cette opération des FFCI, j’ai eu l’occasion de leur rendre hommage hier. Mais il y a aussi votre propre implication dont je vous remercie et dont je sais qu’elle ne cessera de se renforcer, et nous avons discuté de certains de ces termes à l’instant ensemble. (…)
Et je souhaite qu’ensemble nous puissions continuer à œuvrer qu’il s’agisse de formation, de capacité, de coopération et de lutte contre le terrorisme encore davantage dans cette région. (…)
Nous continuerons aussi d’être à vos côtés pour assurer la sécurité de votre pays et continuer à lutter efficacement contre toutes les menaces. (…)
Je souhaite que de ce travail puissent naître une clarification politique et stratégique mais aussi des engagements nouveaux et un travail constant, cher Président. Alors notre relation, notre partenariat ne se limite évidemment pas aux enjeux de sécurité.
Je suis aussi venu en Côte d’Ivoire pour aller à la rencontre des femmes et des hommes qui chaque jour travaillent pour relever nos ambitions sur de nombreux sujets et en particulier en matière de développement et de croissance. La France souhaite en effet accompagner, accélérer une croissance redistributive et créatrice d’emplois dans votre pays comme dans le reste du continent.
Je souhaite que les entreprises françaises soient des acteurs majeurs de cette croissance dans le plein respect de leurs partenaires ivoiriens. C’est d’ailleurs ce respect qui est la marque de fabrique de nos entreprises. Je l’ai rappelé ce matin aux côtés de notre communauté française : les entreprises françaises qui travaillent en Côte d’Ivoire, elles ont des structures ivoiriennes, elles embauchent et promeuvent des ivoiriens et des ivoiriennes, elles sont aussi souvent dirigées par des ivoiriennes et des ivoiriens.
Et ce respect, c’est notre marque de fabrique, c’est ce qui fait que nous ne sommes pas simplement contributeurs ou participants à près du tiers de la croissance de votre pays mais aussi des acteurs heureux, harmonieux de la promotion économique du développement, de l’entrepreneuriat des ivoiriennes et des ivoiriens.
Nous l’avons vu dans plusieurs domaines et la délégation qui m’accompagne a eu l’occasion de porter de nombreux projets. Nous en avons vu quelques-uns qui continuent d’avancer, de projets fondés sur des besoins africains bien identifiés reposant sur un modèle économique viable et à fort impact social.
Ces projets sont le complément nécessaire aux grands projets d’infrastructures tels que celui du métro d’Abidjan qui vient d’entrer dans une phase décisive avec la signature du contrat commercial de ce jour.
Et qu’il s’agisse du sport, de l’économie numérique, de l’agroalimentaire, des transports, du développement durable et de l’énergie, des industries créatives et culturelles, le partenariat est riche et varié continuant d’enrichir cette relation bilatérale. (…)
Les jeunes générations, c’est aussi sur ce point que je voulais insister Monsieur le Président. Plus des trois quarts de la population ivoirienne ont moins de 35 ans.
C’est une chance inouïe et c’est d’ailleurs emblématique du défi africain et de ce que j’avais eu l’occasion lors de mon discours de Ouagadougou il y a un peu plus de 2 ans de chercher si je puis dire à embrasser notre responsabilité à nous la France.
C’est d’être votre partenaire dans l’avenir à bâtir pour cette jeunesse africaine et en particulier pour la jeunesse ivoirienne. (…)
C’est donner une ambition pour la jeunesse ivoirienne d’accéder à des formations conjointes et à des doubles diplômes et de casser la fatalité de l’exil pour certaines formations et l’acceptation d’une relation qui était trop asymétrique.
C’est aussi ce que nous voulons en matière de santé. Nous étions tout à l’heure avec nos Ministres de la Santé et également le Vice-président et le Premier Ministre aux côtés de votre jeunesse et de celles et ceux qui se forment à ces professions de santé dans cet Institut National dont vous pouvez être fiers.
L’Institut National de formation des agents de santé d’Abidjan est en effet une marque de cette fierté et de votre engagement. Et donc la aussi pour votre jeunesse, je souhaite que nous soyons davantage présents. (…) Il y a quelques semaines à Lyon, nous avons réussi le pari de la reconstitution du Fonds mondial, 14 milliards de dollars ont été levés. (…)
Vous commencez une stratégie de reconquête en matière de santé avec un engagement pour les prochaines années d’augmentation de 15% par an du budget de la santé. C’est un geste essentiel car cette bataille est centrale et nous serons à vos côtés pour celle-ci.
L’accord signé et après-midi était un engagement côté français de faire davantage en particulier pour consolider, développer le secteur hospitalier, les formations et toutes les structures médicales et bâtir justement ce système sanitaire et médical de base indispensable.
Et c’est en même temps l’investissement que nous avons fait dans le Fonds mondial qui permet à celui-ci et toutes les structures médicales et bâtir justement ce système sanitaire et médical de base indispensable.
Et c’est en même temps l’investissement que nous avons fait dans le Fonds mondial qui permet à celui-ci d’augmenter massivement son investissement en Côte d’Ivoire.(…)
C’est ce que nous devons à votre jeunesse et c’est aussi pour cela que j’ai souhaité confirmer cet engagement qui en matière sportive, éducative ou de santé est simplement la mise en œuvre de ce que nous avions annoncé (…)
Je vois les réseaux sociaux, je lis la presse et je vois votre jeunesse qui nous reproche en quelque sorte de continuer une relation économique et monétaire qu’elle juge, je les cite, comme postcoloniale.
Alors moi je n’appartiens pas à une génération qui a connu le colonialisme, beaucoup des jeunes qui nous le reprochent ne l’ont pas connu davantage et parfois prêtent à cette époque les difficultés d’aujourd’hui. Donc rompons les amarres, ayons du courage d’avancer, de regarder, et de bâtir ensemble, en effet un partenariat décomplexé. La France n’a rien à cacher, ni aucun privilège à voir. Elle n’a qu’à aider ses frères, ses sœurs à réussir et cette jeunesse africaine à conquérir son avenir.
C’est pourquoi j’ai souhaité pouvoir mettre à plat l’ensemble des sujets pour écrire une page nouvelle de notre histoire commune qui mette fin aux oripeaux du passé, aux malentendus, parfois à des dispositifs qui n’avaient plus beaucoup de sens et qui permette aussi de bâtir une plus grande intégration régionale.
Car l’avenir de cette jeunesse de vos pays est dans une plus grande intégration régionale qui permettra davantage de circulation et une plus grande stabilité des économies entre elles. Et je sais, ô combien cher Président, que c’est votre ambition, votre souhait et presque l’ouvrage de toute une vie professionnelle.
C’est aussi pour cela que j’ai souhaité accompagner la réflexion engagée par les chefs d’Etat de l’UEMOA et le Président OUATTARA en particulier pour réformer le franc CFA. Et je suis très heureux aujourd’hui d’être à ses côtés pour ensemble annoncer cette réforme historique majeure.(…)
Nous revisionnons ainsi des accords vieux de 46 ans et cette garantie que nous allons apporter nous le faisons à votre demande, mais ces changements profonds nous les assumons ensemble. Enfin, avec le Président OUATTARA et l’ensemble des Etats de l’UEMOA, nous avons tenu à ce que ces évolutions soient rapidement transcrites dans les textes. (…)
Mais je veux ici solennellement et amicalement saluer le rôle que vous avez joué dans ce travail historique, cette avancée que nous avons voulu faire ensemble et que vous allez continuer, je le sais. (…)
Je veux vous en remercier très sincèrement, cher Président.
*Extraits de la Conférence de presse du Président Emmanuel Macron avec Alassane Ouattara, Président de la République de Côte d’Ivoire, à Abidjan – 21 décembre 2019*






