Côte d’Ivoire, première économie d’Afrique de l’Ouest francophone

Entretien avec

Daniel GALLISSAIRES, Chef de Service Économique Régional pour l’Afrique de l’Ouest

D’après les douanes françaises, les échanges commerciaux entre la France et la Côte d’Ivoire se sont élevés à 2,2 Mds EUR en 2021, en progression de 10% en g.a. La Côte d’Ivoire est un partenaire économique d’envergure pour l’hexagone : 2ème client et 3ème fournisseur de la France en Afrique subsaharienne.

Vous avez pris vos fonctions en Côte d’Ivoire il y a une année, qu’est-ce qui vous a particulièrement marqué à votre arrivée ?

Tout d’abord, le dynamisme de son économie, laquelle a été particulièrement résiliente durant la crise de la Covid. La croissance économique, notamment soutenue par l’investissement public et les programmes de grands travaux d’infrastructures, s’est poursuivie en 2022 malgré un ralentissement provoqué par les effets économiques de la crise en Ukraine. La transformation de l’économie ivoirienne est visible et rapide ouvrant ainsi la voie à une croissance qui, sans nul doute, profitera à tous les ivoiriens. Ensuite, ce qui m’a très agréablement surpris est la qualité du dialogue avec les autorités et le secteur privé. Je constate à ce titre l’émergence d’une nouvelle génération de chefs d’entreprises qui sont prêts à oser et à relever les défis de l’entreprenariat. Ce nouveau tissu de jeunes entrepreneurs aura un rôle majeur dans la transformation économique du pays. Enfin, et c’est peut-être un petit peu plus personnel, j’ai pu mesurer la qualité d’accueil des ivoiriens toujours très ouverts, agréables, prompts à l’échange quel que soit le sujet et toujours avec le sourire.

Quelle est la nature des échanges économiques bilatéraux entre la France et la Côte d’Ivoire ?

La Côte d’Ivoire est un partenaire économique de premier ordre pour la France. En 2021, les échanges commerciaux bilatéraux ont atteint 2,2 Mds €, en progression de 10% par rapport à l’année précédente. Compte tenu de ces chiffres, la Côte d’Ivoire est notre deuxième client et notre troisième fournisseur en Afrique subsaharienne.

Au-delà du commerce entre nos pays, avec plus de 32 Mds € d’investissements et près de 250 filiales de groupes français implantés (dont, selon certaines estimations, le chiffre d’affaires cumulé représenterait un tiers du PIB ivoirien) la France est le principal investisseur étranger en Côte d’Ivoire. À cela, il faut ajouter que presque 800 entreprises ivoiriennes ont été créées ou sont dirigées par des français ou des franco-ivoiriens. Ces investissements représentent certainement plusieurs dizaines de milliers d’emplois locaux directs et indirects et autant de possibilité de formation, de transfert de compétences…

Quel est le profil des entreprises françaises implantées dans le pays ?

Les entreprises françaises sont présentes sur un large spectre d’activité (finances, énergie, environnement, construction et travaux publics, industrie agro-alimentaire, transport, technologies de l’information et des communications, distribution, services…). D’ailleurs, plusieurs structures sectorielles qui regroupent les entreprises (club Abidjan Ville Durable, French Tech, Club des industries agro-alimentaires ou club santé) permettent d’apprécier la diversité de l’offre, de l’expertise et du savoir-faire qu’elles mettent à la disposition du développement économique et social ivoirien.

Surtout, et c’est une de leur grande valeur ajoutée, ces entreprises se veulent particulièrement exemplaires et engagées en matière de Responsabilité Sociale et Environnementale. Elles mènent des projets sociaux, soutiennent le tissu associatif local et surtout s’engagent en matière de formation professionnelle pour faire monter en compétence la ressource humaine locale (programmes de formation à tous les niveaux ouvrant des possibilités de carrières en France et à l’international…). Enfin, très attachées à leurs ancrages locaux, elles contribuent de manière positive aux communautés (construction d’école, de centres de santé, de logements…)

Quels secteurs attirent les investisseurs français en Côte d’Ivoire ?

Les investissements français sont nombreux et ne cessent de se diversifier ; tous les secteurs sont donc concernés. En effet, nos investisseurs sont attirés par le fait que, au-delà du marché ivoirien dont le dynamisme suit celui de la croissance économique, c’est tout le marché ouest-africain qui est adressé depuis la Côte d’Ivoire. Grâce à sa position géographique et avec ses infrastructures, la Côte d’Ivoire est naturellement le hub régional pour l’Afrique de l’Ouest. Dans ce contexte, les investissements français ont pour objectif de développer des chaînes de valeurs locales : transformation de matière première, chaîne de montage industriel, chaîne logistique…

Quels sont les atouts et les faiblesses de la Côte d’Ivoire pour les opérateurs français ?

La Côte d’Ivoire possède un cadre réglementaire plutôt favorable aux échanges et est dans l’ensemble relativement peu protectionniste même si certaines entraves (barrières tarifaires ou non-tarifaires) persistent. S’agissant des conditions d’accès au marché pour les investisseurs, elles sont devenues plus favorables avec la mise en œuvre de la réforme du code des investissements (2018) et l’implication de structures étatiques fonctionnelles (CEPICI, CNP-PPP). Ce cadre des affaires demeure toutefois perfectible. Dans la pratique, on constate parfois certains freins à l’investissement et à l’activité, ce qui ne touche d’ailleurs pas uniquement les opérateurs français : la persistance d’une certaine insécurité juridique (fiscalité, foncier…), des difficultés d’accès au financement particulièrement pour les PME et TPE et, parfois, un manque d’adéquation entre l’offre de ressources humaines et les besoins des entreprises.

Quelles sont vos prochains objectifs ?

Il s’agira de continuer à approfondir nos travaux conjoints avec les autorités ivoiriennes en faveur du développement socio-économique du pays. En cela, nous avons un dialogue stratégique et nourri sur les réformes structurelles que le gouvernement engage et pour lesquelles nous serons toujours disposés à l’accompagner de la manière qui lui sera le mieux adapté (appui financier, mise à disposition d’expertise…). Par ailleurs, nous soutenons les entreprises françaises dans leurs projets comme dans leurs démarches de responsabilité sociale et environnementale pour faire du partenariat franco-ivoirien un partenariat gagnant-gagnant et exemplaire.

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