Relations parlementaires franco-ivoiriennes : la dynamique de l’excellence

Entretien avec

Agnès CANAYER, Sénateur de la Seine-Maritime, en charge de la délégation Côte d’Ivoire du groupe France Afrique de l’Ouest au Sénat

Alors que le jeune Sénat ivoirien, initié en 2016 et constitué en 2018, célèbre ses 5 années, les liens entre les parlementaires et sénateurs français et ivoiriens, fondés sur l’amitié, la chaleur humaine et la compréhension mutuelle, connaissent un développement sans précédent. Ensemble, ils travaillent de concert sur les grands sujets d’actualité et de fond : la situation géopolitique au Sahel et ses conséquences, la lutte contre le terrorisme, la coopération décentralisée et les relations économiques entre les deux pays.

Pouvez-vous nous rappeler l’objet du groupe France Afrique de l’Ouest au Sénat ?

Le groupe interparlementaire d’amitié France-Afrique de l’Ouest du Sénat, créé en 1978, comporte 59 membres. Il couvre 16 pays majoritairement francophones, comme la Côte d’Ivoire, le Sénégal ou le Bénin, mais aussi des pays anglophones comme le Ghana et le Liberia, ou lusophones comme le Cap-Vert. Le groupe d’amitié est présidé par André Reichardt et chaque pays est doté d’un président délégué ; je suis présidente déléguée pour la Côte d’Ivoire.

La fonction d’un groupe d’amitié est de nouer des relations de travail, dans un contexte amical et de compréhension mutuelle, entre les parlementaires des pays concernés et, en cas de bicamérisme, entre les membres de la Chambre Haute partenaire. Le bicamérisme étant assez répandu sur le continent africain, cela favorise un dialogue institutionnel riche. Les groupes d’amitié sont donc des outils essentiels à la diplomatie parlementaire.

Quelles actions menez-vous plus précisément dans le cadre de votre délégation dédiée à la Côte d’Ivoire ?

Les relations bilatérales franco-ivoiriennes passent par des entretiens réguliers dans le cadre des activités du groupe d’amitié : auditions d’ambassadeurs, rencontres de ministres ou de membres de la société civile. Le Sénat, en relation avec Business France, organise également des colloques économiques mettant en relation des chefs d’entreprise. Ce fut le cas lors de la venue d’une délégation ivoirienne en 2021, en présence de ministres ivoiriens. Enfin, j’ai accompagné le Ministre Franck Riester, alors en charge du commerce extérieur, lors d’un déplacement officiel en Côte d’Ivoire.

Quelle est la nature de vos relations avec vos homologues ivoiriens ?

Excellente ! La Constitution ivoirienne de 2016 a mis en place un Sénat, avec pour objectif de favoriser le bicamérisme et de contribuer à la stabilisation politique du pays ainsi qu’à la réconciliation nationale après les troubles qu’il a connus.

Le Sénat ivoirien, chargé de voter la loi et de contrôler l’action du Gouvernement, mais aussi de représenter les collectivités territoriales, a été constitué en 2018 et s’est rapidement imposé dans le paysage politique ivoirien, avec son siège à Yamoussoukro.

Vous avez reçu en septembre dernier une délégation de l’Assemblée Nationale de Côte d’Ivoire. Quels sujets prioritaires ont été abordés ?

En effet, les relations parlementaires franco-ivoiriennes se sont approfondies à l’automne 2022 avec la visite au Sénat de deux délégations ivoiriennes : l’une de l’Assemblée Nationale, conduite par le Président Adama Bictogo, et l’autre du Sénat, présidée par Jeannot Ahoussou-Kouadio.

De nombreux sujets importants ont été abordés : la situation géopolitique au Sahel et ses conséquences, la lutte contre le terrorisme, la coopération décentralisée et les relations économiques entre les deux pays.

Quels projets portez-vous dans ce cadre ?

Une délégation du groupe d’amitié du Sénat a effectué un déplacement officiel en Côte d’Ivoire en février dernier. L’accueil du Sénat ivoirien a été remarquable, marqué par la chaleur des échanges humains. Le Président Ahoussou-Kouadio et les membres du groupe d’amitié Côte d’Ivoire-France ont réservé un accueil exceptionnel aux sénateurs français. Les discussions ont notamment porté sur le renforcement de la coopération interparlementaire, qui va se poursuivre dans les mois à venir.

La coopération se développe également dans le cadre multilatéral, notamment via le programme européen Inter Pares, financé par la Commission Européenne. Le Sénat y participe activement, aux côtés de l’Assemblée Nationale et du Bundestag allemand. Il s’agit de permettre aux parlements ivoirien et européen de partager leurs expériences en matière de procédure législative, de logistique et d’évaluation des politiques publiques.

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