Identifier les principales évolutions de la cancérologie pour mieux orienter l’offre de soins des Centres de lutte contre le cancer et garder une longueur d’avance dans la prise en charge des patients : tels sont les objectifs des études prospectives réalisées par Unicancer, qui permettent un décryptage des nouvelles tendances et des changements majeurs de la cancérologie à l’horizon 2025.
L’avenir de la cancérologie : un patient et des soins connectés
La cancérologie des prochaines années évoluera vers des soins moins invasifs, plus sophistiqués et une moindre présence du patient à l’hôpital, le développement de la télémédecine, le renforcement du rôle du patient et la progression de la e-santé.
Les Centres de lutte contre le cancer (CLCC) avancent en éclaireurs en anticipant ces évolutions dans la prise en charge des patients atteints d’un cancer, pour leur bénéfice et celui de l’ensemble de la cancérologie française.
Le rôle du patient renforcé : plus informé, plus connecté, plus actif
Le patient est de plus en plus acteur de sa prise en charge et souhaite se positionner en “partenaire” pour transmettre aux équipes soignantes, au jour le jour grâce à des applications ou smartphone, l’évolution de ses symptômes, ce qui est très utile pour ajuster les traitements.

Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Former les professionnels pour s’adapter aux nouvelles exigences en lien avec l’information livrée par des malades chroniques et en faire un vrai partenaire de soin.
- Adapter les formations générales mais aussi personnalisées aux patients et aux aidants.
- Travailler avec les associations de patients pour collecter et croiser des informations avant directement des patients.
- Mettre en place des outils de mesure des résultats rapportés par un patient (patient-reported outcome measures ou PROMs), au long de sa prise en charge.
Une santé “connectée” pour des soins délivrés plus efficacement
Les établissements vont devoir “prendre le train” des nouvelles technologies en marche : accompagner l’évolution de la prise en charge appuyée par des analyses de données massives, ou big data, de scénarios des questions liées à la prescription, ils devront également devoir utiliser de nouveaux outils pour interconnecter, suivre et surveiller à distance la prise en charge des patients.
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Intégrer des plateformes big data avec des outils d’analyse décisionnelle, de recherche pour arriver jusqu’à l’appui à la décision.
- Développer la télémédecine avec la télé-expertise, notamment dans la gestion des situations complexes.
- Accélérer l’automatisation des processus, notamment de suivi et de gestion administrative.
L’interaction entre les acteurs de la santé
La place des établissements de santé prenant en charge le cancer sera bousculée dans les années à venir. La ville s’imposera comme interlocutrice majeure. Les établissements de santé joueront un rôle de “coordinateur du parcours de soins” et devront faire évoluer leurs partenariats avec des établissements publics qui s’organisent en réseau.
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Faire évoluer les modèles de prise en charge et de parcours.
- Proposer plus de services aux patients avec des équipes de soins et des services et la création de liens entre les structures de prise en charge.
- Adapter les stratégies de partenariats territoriaux autour de nouveaux outils de management (du type gestion de la relation clients).
La chirurgie ambulatoire : une pratique courante en cancérologie en 2025
La chirurgie ambulatoire continuera d’évoluer dans les dix prochaines années : les patients ne dormiront plus à l’hôpital et seront opérés dans la journée grâce à des chirurgies moins invasives, une organisation efficiente et un accueil de meilleure coordination post-opératoire à l’hôpital ou en ville. Cette tendance se poursuivra par la diminution importante de la durée des séjours pour des chirurgies lourdes, en faveur des programmes de récupération améliorée après chirurgie (RAAC).
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Augmenter les places de chirurgie avec des unités dédiées de chirurgie ambulatoire.
- Faire évoluer les missions des personnels paramédicaux : appels téléphoniques et post intervention.
- Développer la coordination hôpital–professionnels de ville.
Le développement des thérapies ciblées, de l’immunothérapie et des thérapies orales
D’ici à 2025, la proportion de traitements médicamenteux par voie orale va passer des 25 % actuels à 50 %, et les chimiothérapies intraveineuses dans le cancer du sein, diminuer de 25 %. Avec les traitements par voie orale, il sera de plus en plus possible pour le patient d’être soigné chez lui.

Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Mieux valoriser l’activité de consultation.
- Renforcer le nombre de coordinations médicaux.
- Développer les partenariats avec les structures de ville : pharmaciens, médecins traitants, etc.
Une radiothérapie plus ciblée et moins invasive
La radiothérapie est une discipline en pleine mutation, tant en termes de technologies que de protocoles de soins. Les progrès des protocoles thérapeutiques permettront de limiter la toxicité et d’optimiser les effets des rayons sur la tumeur.
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Faire bénéficier le patient de traitements plus ciblés, moins nombreux et plus efficaces.
- Recourir de plus en plus aux modalités les plus pointues.
- Élargir à d’autres cancers les indications de la radiothérapie.
- Alléger le nombre de réunions de concertation (RCM), la simplification des procédures, la reconnaissance de l’expertise des personnels paramédicaux.
La caractérisation des tumeurs, mieux les comprendre pour mieux les traiter
De plus en plus, on analysera l’ADN des tumeurs de patients pour comprendre les mutations génétiques clés de ces tumeurs, ce qui permettra d’offrir aux patients des traitements “personnalisés”, car combattant ces mutations génétiques quand ceux-ci existent, et ce tout au long de la maladie.
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Équiper les établissements en séquenceurs à haut débit et en équipements d’imagerie.
- Mettre en place de réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP) moléculaires.
- Favoriser la création de nouveaux métiers.
- Augmenter l’analyse génétique des tumeurs.
Le développement de la radiologie interventionnelle thérapeutique
La radiologie interventionnelle représente un champ majeur d’innovation, au croisement de l’imagerie et de la chirurgie, de la technologie et de la science. Elle répond à une forte demande sociétale de proposer des traitements efficaces et moins agressifs. La radiologie interventionnelle permettra de remplacer certains actes de chirurgie par des actes moins invasifs.
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Obtenir davantage de financements, actuellement un frein conséquent au développement de la pratique.
- Créer des salles de blocs dédiées à la radiologie interventionnelle.
L’intégration des soins de support tout au long du parcours de soins
Les soins de support, loin d’être secondaires, apportent un complément essentiel pour les patients atteints d’un cancer en améliorant leur qualité de vie. Il s’agit notamment du soutien psychologique, de la prise en charge de la douleur, de la nutrition et de la rééducation.
Quelles adaptations pour les établissements de santé ?
- Harmoniser les soins de support proposés aux patients.
- Augmenter et pérenniser les financements.
*Source Unicancer





