Communication gouvernementale : des réformes majeures à la hauteur des enjeux et des défis

Entretien avec

Amadou Coulibaly, Ministre de la Communication, Porte-parole du Gouvernement

« L’évolution des moyens de communication et d’information, en termes de technologies, d’accessibilité et de possibilité d’interactivité, de même que l’évolution du niveau d’éducation des populations placent la communication gouvernementale face à de nouveaux défis. »

Quelles sont les missions de votre département ministériel et les passerelles existant entre elles ?

Le Ministère de la Communication, Porte- parole du Gouvernement a pour principale mission, la mise en œuvre et le suivi de la politique du Gouvernement en matière de communication.

Dans le cadre de l’exécution de cette mission, nous suivons une feuille de route qui précise les réformes ainsi que les projets majeurs à court, moyen et long terme. À cela s’ajoutent les actions de renforcement du cadre juridique et de mobilisation des ressources pour la mise en œuvre des stratégies nationales en matière de communication.

Vous étiez précédemment Ministre de la Communication et de l’Économie Numérique avant que le Premier Ministre Robert Beugré Mambé ne vous confie le département de la Communication et du Porte-parolat du Gouvernement. Comment avez-vous appréhendé cette nouvelle mission ?

Comme vous le rappelez si bien, le 17 octobre 2023, sur proposition du Premier Ministre Robert Beugré Mambé, Chef du Gouvernement, j’ai été nommé, pour la troisième fois consécutive au sein du Gouvernement par le Président de la République, SEM. Alassane Ouattara, avec de nouvelles responsabilités.

Je voudrai, ici, réitérer au nom de l’ensemble des acteurs des secteurs de la communication, remercier le Chef de l’État et le Premier ministre pour cette marque de confiance qui nous invite à poursuivre le travail, toujours au service de nos concitoyens, afin de réaliser le vœu d’une Côte d’Ivoire solidaire, dans la stabilité, la paix et le développement harmonieux.

Je voudrai, à toutes fins utiles, vous rappeler que depuis ma première nomination au poste ministériel jusqu’au dernier remaniement, j’ai eu l’honneur d’assumer la charge de Porte-parole du Gouvernement.

Quels sont, aujourd’hui, les défis majeurs à relever par la Côte d’Ivoire dans le secteur spécifique de la communication ?

L’évolution des moyens de communication et d’information, en termes de technologies, d’accessibilité et de possibilité d’interactivité, de même que l’évolution du niveau d’éducation des populations placent la communication gouvernementale face à de nouveaux défis. Les citoyens sont désormais plus exigeants vis-à-vis des gouvernants et demandent à être informés à temps, de manière cohérente et convaincante.

D’où la mise en place d’un centre d’appels gouvernemental « Allo 101 », ultra-moderne, qui centralise tous les numéros verts existants des Ministères et Institutions de l’Etat, pour des interactions efficaces avec les populations.

Le renforcement du capital confiance des populations reste un défi. C’est pourquoi, le Gouvernement s’approprie l’ensemble des canaux utilisés par les jeunes et adultes, afin de porter l’information officielle vers toutes les cibles et de réduire ainsi l’impact négatif des infox (fakes news) sur les populations. Cela contribue à renforcer la communication gouvernementale et à assurer une bonne visibilité des décisions, actions et projets de l’Etat.

Il convient de citer également parmi les défis, la finalisation, par adoption, de la charte graphique unique pour les administrations publiques ivoiriennes. L’objectif est de disposer d’une identité visuelle harmonisée pour le Gouvernement.

Quelles sont vos priorités actuelles ?

Pour 2024, les priorités de notre ministère sont contenues dans sa feuille de route. Il s’agit, entre autres, de réformes majeures portant sur le renforcement et l’application des textes régissant le secteur de la communication. Il s’agit notamment de l’accès aux médias, la diversification et la qualité des contenus proposés, l’amélioration constante des conditions de vie et de travail des acteurs des médias.

Ce sont autant de préoccupations pour lesquelles nous sommes en discussion permanente avec toutes les parties prenantes. Des progrès ont été réalisés, mais nous convenons qu’il reste encore d’autres chantiers à implémenter.

En décembre 2022, le projet de loi portant régime juridique de la presse et celui portant régime juridique de la communication audiovisuelle ont été adoptés. Il faut, non seulement, veiller à l’application des textes, mais aussi renforcer le suivi des réformes sociales.

Concernant les réformes sociales, l’aide publique au secteur des médias s’est renforcée, passant de 500 millions de francs CFA en 2011 à 5 milliards de francs CFA en 2023.

Parlons maintenant de chantiers structurants que vous initiez…

À ce niveau, je peux vous annoncer que le Gouvernement a entériné plusieurs projets portés par notre ministère. Ainsi, le Conseil des Ministres a adopté, le mercredi 19 avril 2023, une communication relative à la validation du projet de charte graphique unique de la République de Côte d’Ivoire.

Ce projet s’inscrit dans le cadre du renforcement de la communication gouvernementale et de l’amélioration de l’identité visuelle de l’État. Il vise, plus précisément, à mettre en place une identité graphique commune à l’ensemble de l’administration publique ivoirienne en vue d’authentifier les documents officiels. La charte graphique unique ainsi qu’un numéro d’appels unique (Allo 101) seront utilisés par les ministères et les populations ivoiriennes.

Depuis le 16 août 2023, le Ministère de la Communication a procédé, suite à une étude diligentée par nous-même, au lancement de la campagne de sensibilisation du public à l’utilisation responsable des réseaux sociaux, dénommée #EnLigneTousResponsables, en vue de répondre aux nouveaux défis que présentent les réseaux sociaux et des outils numériques, en termes de sécurité, d’éthique et de protection de la vie privée.

Cette campagne, subdivisée en quatre phases couvrira la période 2023 -2025. La première phase s’est étendue d’août à décembre 2023, avec pour objectif de faire l’état des lieux et de sensibiliser 4 200 personnes dans 21 localités (les communes du Grand Abidjan et huit villes à l’intérieur du pays). La deuxième phase mettra l’accent sur l’éducation et la sensibilisation à l’endroit des groupes sectoriels pour une période de treize mois allant de janvier 2024 à janvier 2025.

Quant à la troisième phase, elle mettra l’accent sur la formation à l’utilisation des outils de fact checking et de sensibilisation à l’endroit des groupes sectoriels et des populations, elle se déroulera de février à décembre 2025. Enfin, la quatrième et dernière phase sera consacrée à l’évaluation de la campagne.

Nous voulons, avec toutes ces actions, outiller les citoyens, afin de leur permettre d’exercer leur esprit critique et de s’inscrire dans une société plus responsable et consciente des différences.

Quelles sont vos perspectives ?

En termes de perspectives à moyen et à long terme, de nombreux projets en cours vont être poursuivis sur la période 2024-2030.

La Campagne relative à l’utilisation responsable des médias sociaux se poursuivra jusqu’en 2025, et bénéficiera non seulement du soutien de l’État de Côte d’Ivoire et bien entendu de partenaires qui ont été séduits par cette initiative ivoirienne.

Nous avons organisé les 20 et 21 novembre 2023, le Salon International du Contenu audiovisuel d’Abidjan (SICA). Ce salon est une opportunité offerte aux producteurs de contenus. Il s’inscrit dans la volonté du Chef de l’État, SEM. Alassane Ouattara, de faire de la Côte d’Ivoire, un pays à revenu intermédiaire de tranche supérieure.

Pour ce faire, chacun de nos départements ministériels, sous la direction du Premier Ministre, Monsieur Robert Beugré MAMBÉ, doit apporter sa pierre à la construction de cette ambition du Président de la République qui pour sa part, a déjà réussi à faire classer la Côte d’Ivoire parmi les 10 pays les plus réformateurs au monde, en matière de mise en place d’un environnement propice aux affaires.

Il nous apparaissait donc important que la production audiovisuelle contribue aussi à la réalisation de cette vision du Chef de l’État. La deuxième édition de ce Salon aura lieu cette année, en novembre 2024.

Par ailleurs, le Fonds de Soutien et de Développement de la Presse (FSDP), transformé en Agence de Soutien et de Développement des Médias (ASDM) est une volonté affichée d’accompagner les médias, tout en améliorant leurs conditions de travail et de vie des acteurs de l’ensemble de l’écosystème.

Pour l’année 2023, ce sont 1,588 milliard de francs CFA que l’ASDM a octroyé comme appui à plusieurs acteurs et entreprises des médias, au cours d’une cérémonie, le jeudi 21 décembre 2023 à Grand Bassam. Ce soutien va continuer. Il convient de souligner que l’ASDM a un champ d’actions plus large que l’ex-FSDP et prend en compte les médias en ligne.

Conformément à la vision du Gouvernement de digitaliser l’ensemble des services publics, mon département ministériel s’est engagé dans la numérisation d’un certain nombre de process.

Ainsi, la Commission Paritaire d’attribution de la Carte d’identité de journalistes professionnels et de professionnels de la Communication est passée de l’analogique au numérique. Désormais, les demandes de ladite carte se font en ligne sur une plateforme.

Nous ferons cette année également le bilan de la politique Nationale de la Communication et des Médias (PONACOM) pour la période 2019-2023 dont s’est doté le Ministère de la Communication. Ce bilan conduira à des orientations stratégiques à prendre en compte dans la nouvelle PONACOM.

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